Rencontre douloureuse

Day 1,703, 05:15 Published in France France by Vito Don Corleone


Résumé des épisodes précédents :
1 - Le kidnapping du Parrain
2 - Les tribulations du Parrain
3 - Le syndrome de Stockholm
4 - La mystérieuse note

Je la cherche du regard, mais la pénombre est trop intense pour que j'y arrive. Pas la peine de courir à sa poursuite, elle est déjà loin. Je rallume les lumières de la chambre pour y voir plus clair.

La carte de visite que m'a laissée cette inconnue est de fort bonne qualité. Le papier est très granuleux, noble. Je la manipule entre mes doigts, et finit par la retourner. Quel imbécile ! Je n'avais même pas pensé à regarder au dos !




Me suis-je trouvé une alliée ? On dirait. Il faudra toutefois que je fasse preuve de prudence. On ne sait jamais. Harassé par cette journée, je me mets au lit, et m'endors d'un sommeil de plomb dénué de rêve.

Je passe la matinée du lendemain à m'interroger sur cette mystérieuse jeune femme. Qui est elle ? Que me veut elle ? Comment a-t-elle découvert le but de ma présence ? L'a-t-elle seulement réellement découvert ? Ces questions vont vite trouver des réponses.

Trente minutes avant le rendez-vous, je me rends à la réception de l'hôtel, dépose ma clef, et me dirige vers le lieu du rendez-vous.

Après cinq minutes de marche à un rythme soutenu, j'arrive sur la place Wilson. J'étudie les lieux. Très bien, bonne configuration, je sais quoi faire.

J’aperçois un clochard, non loin de moi. Je me dirige vers lui, lui souffle quelques mots à l'oreille, et lui glisse un billet de 10 dans la main. Son sourire édenté est charmant. Je m'élance à pas rapides vers une petite ruelle sombre, d'où je pourrai avoir une vue assez nette sur la place.

Après quelques minutes, mon contact arrive. Pas de doute, c'est bien elle. Je ne l'ai qu'aperçue la première fois, mais elle avait marquée mon esprit.




Cette stature, ce port altier, cette classe qui semble innée et cette élégance sont les signes d'une femme de bonne famille. Pourtant, elle n'a pas l'air rassurée. Ainsi, lorsque le clochard l'aborde, elle ne peut réprimer un léger sursaut. Le clochard lui indique une direction. Elle semble embêtée, mais acquiesce. Elle se met en route, surveillant du regard les alentours. Lorsqu'elle passe devant l'endroit où je me trouve, se rendant vers l'avenue adjacente, je sors de ma cachette et la plaque contre le mur, une main sur sa bouche pour l’empêcher d'hurler, l'autre tenant mon arme braquée sur sa tempe.

"Vous ne devriez pas vous aventurer seule dans des ruelles sombres, madame ... ?
- Big6, Big6 Rivera. Lachez-moi, tout ceci n'est pas nécessaire.
- Vous comprenez bien qu'après votre petite note, je suis obligé de prendre certaines précautions." Elle réajuste son chapeau sur sa tête.
"Soit. Dépêchons-nous, je n'ai pas beaucoup de temps. Je fais, moi aussi, partie du CDVCD. J'ai découvert récemment des choses qui m'ont fait prendre certaines précautions et une certaine distance avec le parti. Lorsque vous êtes arrivé, j'ai fait quelques recherches sur vous. Et j'ai compris la raison de votre venue. Nous combattons les mêmes personnes vous et moi.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler très chère madame.
- Arrêtez, pas la peine de jouer à ce petit jeu avec moi. Je sais très bien ..."

A ce moment, une voiture passe à petite vitesse devant nous. Le passager nous aperçoit, alerte le chauffeur, qui pile dans un crissement de pneus. Il est temps de fuir. Je pousse fermement Big6 vers le fond de la ruelle alors que le chauffeur entame une marche arrière pour se replacer devant la ruelle. En me retournant avant de tourner au coin de la rue, j'ai juste le temps d’apercevoir le passager qui sort une Thompson par la fenêtre et qui commence à canarder. Le bruit des balles qui claquent sur les murs est assourdissant. Nous courons aussi vite que possible. J'entends une portière qui claque, et les pas d'un de nos agresseurs qui résonnent. Nous prenons à gauche juste après une boutique de spiritueux. Il est 11 heures, nous devons trouver une rue passante, pour nous cacher dans la foule. J'emmène Big6 vers la droite, en sautant la clôture d'un jardin. Je jette un coup d'oeil derrière moi, notre poursuivant se rapproche.




Nous passons derrière la maison, puis prenons à gauche, dans une autre ruelle. Vingt mètres en ligne droite. Arrivés au coin de la rue, nouvelle pétarade. Je ressens une violente piqure au biceps droit, et Big6 s'effondre en hurlant. Elle m’entraîne dans sa chute. C'est fini. Allongé à terre, je me retourne sur le dos, sors mon arme, et la pointe vers l'obscurité relative de la ruelle. Il faudra aller vite. L'homme à la Thompson arrive en courant. Je tire. De la matière grise rosée sort de l'arrière de son crâne et éclabousse le mur derrière lui.

Je me retourne vers Big6. Elle est allongée, livide, agitée de légers spasmes.
"Big6 ! Big6, restez avec moi, on va s'en tirer." J'essaie de la relever.
"Non, non, c'est fini pour moi." Chaque respiration lui fait cracher du sang. Les poumons sont touchés.
"Tenez, prenez ça. Tout ce que je sais est là." Elle me tend un bout de papier. Un dernier soubresaut, puis elle s’éteint. Il faut que je file, les rafales ont dû attirer l'attention. Avant de m’éclipser, je fouille les poches du macchabée à la cervelle explosée. Des allumettes. Un paquet de cigarettes. Un portefeuille. Je prends ce dernier, et file par les ruelles, jusque chez moi.


TO BE CONTINUED (or not)