Le syndrome de Stockholm

Day 1,680, 10:52 Published in France France by Vito Don Corleone


Résumé des épisodes précédents :
1 - Le kidnapping du Parrain
2 - Les tribulations du Parrain

Le syndrome de Stockholm. Étrange sentiment qui fait que l'on ressent une certaine sympathie pour son ravisseur. Serait-ce possible que j'en sois victime ? Non, pas moi. Pas maintenant. Pas si vite.

Je m'interroge de plus en plus. Je me pose de nombreuses questions. Ma situation n'est pas naturelle. Devoir mentir sans cesse. Devoir se cacher sans cesse. Recouper inlassablement les mensonges entre eux. Ne pas faire d'erreur.

C'est usant. Et perturbant.

Bientôt deux mois maintenant que je suis ici. Je suis parfaitement intégré. Je suis chez moi. Tout le monde ou presque m'a adopté. Pas tout le monde, mais c'est tant mieux. Si c'était le cas, ça paraîtrait louche. N'avoir uniquement que des amis serait suspect. Inapproprié. La politique est un monde de requins, et les agneaux se font manger tout crus.

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec le commanditaire de ma mission. Il a avancé la date de notre entrevue de près de deux semaines. Cela ne lui ressemble pas. Je me questionne sur la cause de cet empressement. Je lui fais des rapports régulièrement, mais apparemment ça ne suffit pas. Plus maintenant.

Commence-t-il lui aussi à avoir des inquiétudes ? Il va falloir que je m'applique à les dissiper.

Il m'a donné rendez-vous dans un bar, en dehors de mon territoire. Je sors donc, et m'en vais le rejoindre. Le froid est mordant.



A cette heure tardive de la soirée, les rues sont quasiment désertes. Tant mieux, l'anonymat me va bien. Je croise juste un couple d'amoureux qui se serrent l'un contre l'autre pour se réchauffer.

J'arrive dans le petit restaurant, lieu de notre entrevue. Il s'agit d'un petit restaurant familial italien, à l'ancienne. Ici on vous fiche la paix, personne ne vient vous déranger. Je me dirige directement vers le fond de l'établissement, et m'assieds en face de mon interlocuteur.

"Vito ! Comment tu vas ?

Air délibérément trop jovial. Je le fixe droit dans les yeux et lui demande :

- Pourquoi tu m'as demandé de venir Droopy. On ne devait se voir que dans deux semaines. Tu me fais prendre des risques inutilement."




Il tape sur la table, visiblement furieux, et me lance :

"Si tu m'avais déjà donné les noms que je t'ai demandé, je ne serais pas obligé de te convoquer !" me hurle-t-il au visage.
- J'y travaille.
- C'est trop long. Quand vas-tu me donner les noms de ceux qui mettent en danger mon parti. Je te dis que nous avons un traître ! Peut-être même plusieurs !
- J'y travaille je t'ai dit.
- Tu as plutôt intérêt. Je trouve que tu passes beaucoup de temps avec tes nouveaux amis. Il ne faudrait pas que tu perdes de vue le but de ta mission. J'ai passé beaucoup de temps à préparer ton enlèvement pour qu'il paraisse réel. N'oublie pas de quel côté de la barrière tu te situes.
- Aucun risque.
- Vraiment ?
- Vraiment."

Mes propos semblent le rassurer et le calmer. Il se tourne vers le barman, et commande deux chiantis.

"Très bien, détendons-nous alors", me dit-il en m'adressant son plus beau sourire carnassier.

Après un apéritif et quelques banalités, je prends congé, et rentre chez moi. Le froid s'est encore accentué dehors. Et les rues sont encore plus sombres et désertes. Angoissantes.

C'est passé, cette fois encore. Mais j'ai bien reçu l'avertissement. La prochaine fois, je devrais lui donner un os à ronger. Il me faut des résultats. Je vais devoir accélérer mes recherches, et trouver un coupable.


TO BE CONTINUED (or not)