Swatting, tous concernés ?

Day 2,642, 03:36 Published in France France by Fyore

WEB - Feindre une situation grave et demander l'intervention massive des forces de l'ordre chez quelqu'un, les Américains connaissent bien ce canular en vogue chez eux depuis plusieurs années. Le phénomène y est connu sous le nom de "swatting" puisque les auteurs espèrent faire intervenir une unité du S.W.A.T chez leur victime.

Cette pratique a commencé chez les hackers à la fin des années 2000 avant de viser les célébrités d'Hollywood en 2013 puis de s'étendre aux nombreux amateurs de jeux vidéo qui filment et diffusent leurs parties en direct sur des plateformes de streaming comme Twitch. Parmi les méthodes employées pour confondre la police, les auteurs des appels utilisent souvent des programmes informatiques permettant de brouiller la provenance de leur coup de fil et de les retracer jusqu'aux adresses concernées.

Le swatting a fini par traverser l'Atlantique et par arriver en France avec une victime dans la nuit du 11 février à Paris.

Le joueur Bibix arrêté en direct

Le joueur et "streameur" français Hubert Skrzypek, connu sous le nom de Bibix et suivi par plus de 60.000 personnes sur sa chaîne, était en pleine partie de Day Z - un jeu de survie avec des zombies - lorsqu'il a vu la police débarquer chez lui vers 1 heure du matin dans le Val-de-Marne. Sa partie était en "live" sur Twitch. L'intervention des forces de l'ordre a donc été suivie en direct par d'autres joueurs et enregistrées par certains.

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Des dizaines de personnes ont donc entendu la police enfoncer la porte de l'appartement parisien de Bibix, vu le joueur lever les mains, avant d'être menotté et maîtrisé avec sa compagne, en larmes, par des agents de la BAC selon France Info, des agents de la brigade de protection des mineures selon un avocat. Les raisons qui ont poussé les autorités à intervenir ne sont pas connues.

Comme le montrent les images, le joueur a gardé son calme et compris très rapidement qu'il s'agissait d'un canular. On voit également ce dernier expliquer aux forces de l'ordre comment couper la caméra et le micro. Voici le témoignage du joueur, recueilli par France Info.

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Des précédents en France?

Bibix serait l'une des premières victimes françaises du phénomène "swatting". Mais le 25 décembre dernier, un autre joueur a été la cible d'un canular du même ordre.

Un enfant de 13 ans a réussi à faire déplacer les pompiers et trois agents de police chez le joueur Aypierre en prétextant une fuite de gaz.


La pratique est également utilisée par des hackers malveillants. Cela a récemment été le cas dans l'affaire Ulcan, ce hacker pro-israélien qui s'en est pris à plusieurs journalistes et à des personnalités comme Martine Aubry. Ce dernier a notamment piégé la police et les a fait débouler chez les parents d'un journaliste de Rue89 à 4 heures du matin, en faisant croire à un meurtre. Pierre Haski, le co-fondateur de Rue89 a également reçu la visite des forces de l'ordre: un usurpateur d'identité a fait croire que le journaliste avait tué sa femme.

Que risquent les auteurs de "swatting"

Après sa mésaventure, Bibix a rassuré ses abonnés sur les réseaux sociaux. Les forces de l'ordre n'ont pas mis longtemps à comprendre qu'il s'agissait d'une mauvaise blague et ne l'ont pas placé en garde-à-vue.

Le joueur a également annoncé porte plainte au pénal contre ceux qui ont voulu lui nuire. Le "swatting" est en effet puni par la loi aux Etats-Unis, comme en France.

Le code pénal punit la déclaration de fausses informations pour provoquer l'intervention inutile des secours.

"Le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu'une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende.
Est puni des mêmes peines le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information faisant croire à un sinistre et de nature à provoquer l'intervention inutile des secours", peut-on lire dans l'article 322-14 du code pénal.

Et lorsque le responsable est mineur, il reste justiciable du tribunal pour enfant et les parents sont tenus d'indemniser la victime du préjudice, a rappelé l'avocat blogueur Maître Eolas sur Twitter.

Mercredi après-midi, la police nationale a mis en garde ceux qui voudraient s'essayer à ce petit jeu qui n'a rien d'innocent.


Cette article est un copier-coller d'un article du Huffpost, avec quelques modifications.