Ma chère petite maman

Day 802, 19:29 Published in France France by Wiski

Je m'excuse de ne pas t'avoir écrit plus tôt, mais la guerre est comme ça et nous pousse chaque jour un peu plus en avant sans s'en rendre compte avec son lot de tristesse et de merveilles.

Il semble que le vent ait tourné en notre faveur. Je ne peux te dire plus car notre courrier est soumis à la censure comme tu le sais bien, mais garde espoir, ma chère petite maman, car le temps est bientôt venu où l'ennemi honni ne sera plus sur nos terres.

J'ai vu du pays, surtout à l'est, je dois dire, mais j'ai pu passer brièvement à Londres entre deux instructions des gradées. J'ai fait la bise à tati Arlette et oncle John. Ils vont très bien et te font part de toute leur affection. Bien sûr j'ai fait une réserve de la liqueur que tu sais. Je ne comprends rien à la diplomacie, mais je ne vois pas toujours pourquoi nos politiciens n'ont pas pensé faire une alliance plus tôt avec nos amis d'outre manche qui nous ont d'ailleurs offert un hôpital pour les armées. A croire qu'ils voulaient cette guerre pour vendre leurs armes à la hausse. Il faudra s'en souvenir le jour venu et rendre aux Anglais la fierté qu'ils nous ont donnés.

Maintenant que je suis militaire, je vois les choses autrement et je finis par me demander à quoi peuvent bien servir tous ces bavards du congrès ou j'ai jadis siégé avec persévérance et dévouement. Tu le sais bien.

Figure toi que pendant que nous servions la nation à l'étranger, trois-quatre petits malins ont pris d'assaut notre parti, le PSD, le grand parti historique que tu connais, pour obtenir quelques prébendes à l'assemblée. Tout celà est bien ridicule, je dois l'avouer, mais surtout me semble si loin maintenant.

Mes camarades ont des états d'âme concernant la survie de notre parti. Je ne sais pas trop. La guerre m'a trop marquée et la vie politique me semble bien fade aujourd'hui. Nous verrons bien à la libération, si le peuple nous acclame sur nos chars et nous redonne les clés du pouvoir ou préfère conserver les grattes couilles qui se prélassent sous les dorures de la république. Sinon, j'irai chez papy Jean faire le jardin pour me dégourdir les bras et l'esprit.

J'ai profité de la guerre pour vendre ma petite affaire de fer en Hongrie et j'ai un joli pécule qui m'attends. Je ferai le point après guerre et je songe à exploiter une mine en Amérique du Sud et le business des armes en Angleterre.

Dis bien à Josette que je garde son pendentif contre mon coeur. Elle comprendra.

Je dois te laisser maintenant, car une bande de soiffards chauffés à la vodka vient de rentrer dans la chambrée et nous allons bientôt éteindre les lampes.

Porte toi bien, ton Wiski qui pense à toi trés trés fort...