Les "Mirabeau" [N°1]

Day 3,732, 05:08 Published in France France by Leopold de Velaine



De nombreux carnets furent retrouvés dans une pièces secrete du chateau des Jardins Saint-Paul. Ils retracent la vie des membres éminents de la famille Mirabeau plus connu sous le nom des “de Velaine”




Ferdinand Mirabeau



L’une des collections de carnets retracent l'histoire du premier Baron de Velaine, Ferdinand Mirabeau.


Livre I- Mon enfance à Mirabeau-lez-Digne

Je naquis vers Lupin Thermidor de l'An IX. Je fut abandonné devant la porte de l'Abbé Roger Périgain. Il me nomma Ferdinand, en l'honneur de Saint Ferdinand de Castille, et me donna comme patronyme Mirabeau, puisqu'il me recueillit en l'église de la commune de Mirabeau-lez-Digne dans les Alpes Françaises. L'Abbé m'éduqua dans la religion Chrétienne, même s'il savait que je n'étais point chrétien. En effet, une lettre avait été laissée dans mon berceau. Mes parents avaient été assassinés par les autorités Turcs durant une manifestation pour l’indépendance Grec et mes grands-parents souhaitant me protéger me déposèrent en ce lieu. Je porte toujours autour de mon cou la croix Orthodoxe, le seul souvenir de mes parents, sûrement un cadeau d'adieu. Ce fait fut et sera caché jusqu'à ce que quelqu'un découvre ce livre. Ceci pourrait gravement entacher mon ascension au pouvoir. Mon enfance fut paisible, je ne faisais qu’approfondir mon intellect, aider l'Abbé et jouer et converser avec mon frère adoptif, celui qui deviendra le Professeur Antoine Ruternin. L’Abbé était un homme fringant et charismatique. Il m’apprit l’art de la négociation et du franc-parler. Durant ma jeunesse, je n’aimais pas réellement Ruternin. Il ne faisait que se plaindre de la dureté de la vie et parler de traités de Sciences et de Médecine. Je haïssais ces deux types de connaissance, notamment car je ne comprenais absolument rien à ces-dernières.


Livre II- Talleyrand

Lorsque j'eus ma majorité, je décidai de poursuivre mon éducation à la Sorbonne, dans la faculté de lettres, pour poursuivre mes études en Histoire ancienne. Lors de mon séjour dans la capitale tourmentée par les revirements politiques, je rencontrai Charles-Maurice de Talleyrand à une réception ayant lieu en la demeure des parents d'une amie de l'époque. Je ne sais pas vraiment pourquoi il s'était intéressé à moi. Je sais simplement qu'au détour d'une conversation que j'avais eu avec lui, je restais impassible devant cet homme de pouvoir. Je ne montrais en aucun cas ma peur. J’avais usé des compétences que m’avait appris l’Abbé lors de ma jeunesse. Il ne fut pourtant pas impressionné par mes mots et ma “prestance”, préférant de loin le jeune Duroy, un freluquet Normand rêvant de puissance et de richesse. J’espère qu’il les a eues dans l’au-delà. Il ne fut pas difficile à éliminer, vaincu par la boisson, il dormait sur un divan à l’étage près d’une fenêtre. Je n’eus jamais pensé en revanche qu’il puisse tomber sur Zamor. Talleyrand était quelque peu troublé par cette mort surprenante, il se replia donc sur ma personne et m'offrit le poste de secrétaire. Après plusieurs mois au service du Prince, il me congédia et me nomma tuteur de Charles Auguste Louis Joseph de Morny. La tâche ne fut pas des plus simples. Il était comme tous les jeunes gens qui l'ont précédé et ceux qui lui succéderont. Ce poste m'obligea, certes, à me rendre en Suisse, mais la relation qui en découla avec le jeune homme fut l’une des plus fortes que je connus. Charles de Morny m'aida grandement, notamment pour mon ascension vers les hautes sphères de l'état, mais aussi pour cet amour presque fraternel qui nous unissait.


Livre III- Morny et d’Orléans

Lors de son départ pour Paris, il me proposa de le suivre et de m'occuper de ses affaires en France. J’accompagnai mon ami avec une confiance aveugle, mais regrettai amèrement de l'avoir suivi lorsqu'il me força à m’enrôler dans l'armée pour devenir son aide de camp. Blessé à la jambe en 1825 et souffrant d'une forte fièvre, je fus forcé de retourner à la capitale. Une fois de retour, j’envoyais une lettre à Monsieur de Talleyrand pour prendre des ordres auprès de mon employeur. Le Prince de Talleyrand m'envoya à la rencontre de Son Altesse Royale, Louis-Philippe d'Orléans, Premier prince du sang et Duc d'Orléans. Sur les recommandations du Prince de Talleyrand, il me nomma tuteur de ses descendants.

Durant mes cinq années de service chez le Duc d'Orléans, j’eus une aventure avec Marie-Thérèse d'Orléans. Lorsque Son Altesse Royale apprit la grossesse de sa nièce censée être vierge, il ne crut pas en un miracle. L'enfant mourut peu de temps après sa naissance, mais il découvrit tout de même que j'en étais le père. Il tenta de nombreuse fois de me faire assassiner. J’ai donc décidé de fuir loin de Paris en partant pour la Belgique. Je ne partis pas seul, Marie-Thérèse me suivit par amour. Comprenant que cette amourette n'était pas une folie mais bien des sentiments réciproques, Louise-Marie-Amélie de Bourbon-Sicile versa une partie de la pension que lui versait son mari à Marie-Thérèse pour nous permettre de vivre. Charles-Maurice, ayant eu vent de la nouvelle, m'envoya une lettre dans laquelle il me recommandait de fuir le plus loin possible. Je me mariai en 1830 lors d’une cérémonie discrète à Bruxelles, ayant obtenu un poste de professeur à la Théresienne.



Livre IV- Mon fils, ma Bataille

En 1835, mon fils unique, Roger Mirabeau, naquit à Paris. Je ne pus réellement m'occuper de son éducation et Marie non plus. Nous l'avions confié à une nourrice que l'un de mes assistants m'avait recommandée. Je ne compris jamais mon fils. Il n'était en aucun cas intéressé par les études et ne faisait que courir les jupons, parier et se battre. Je fus forcé, en 1855, de l'envoyer de force dans une école militaire. Mais il se maria quand même avec Patricia Brasseur, dite « La Goulue », dans les faubourgs Parisiens. Je m'étais battu toute ma vie pour rendre notre famille glorieuse et permettre à mes descendants de vivre en paix sans problème d'argent ou d'honneur, mais cet idiot épousait une catin ! Heureusement, quelques pots de vin facilitent les morts en couche. Quant à Roger, il mourut à Sedan en protégeant dignement la France face aux terribles ennemis d’outre-Rhin, mais en laissant ses fils Gustave et Robert orphelins.


Livre V- L'obtention de la Baronnie et l'exil à Clermont-Ferrand


Retournons en 1835 pour poursuivre notre récit. Après quelques déboires avec le conseil de la Théresienne, je démissionnais. Après plusieurs mois sans travail, je reçus une lettre de France. Certains de mes amis au gouvernement et dans l'armée avaient joué de leur influence pour m'obtenir un poste de conseiller à l'éducation auprès du Roi. Il souhaitait ma mort, mais devait faire bonne figure auprès de son congrès suite à mon travail exemplaire. Pour m'éloigner, il décida de m'offrir le titre honorifique de Baron de Velaine, ainsi qu'une prime pour mes blessures liées aux nombreux attentats à l'encontre du Roi.

De nouveau sans emploi et sans terre malgré mon titre, je décidai de me rendre à Mirabeau. Quelques mois après mon arrivée, l'Abbé Roger mourut d'une insuffisance rénale. La mort de Talleyrand lui succéda quelques jours plus tard. Ayant rencontré mon ami de Morny lors de l'enterrement de son grand-père, il m'invita à Clermont-Ferrand pour devenir son associé et poursuivre mes recherches historiques. Une fois arrivé à Clermont-Ferrand, nous logeâmes quelques jours chez mon frère adoptif Rupertin, puis je me mis en quête d'un logement définitif pour ma famille. L’hôtel Montrosier de la Vilatelle était magnifique et me permettait de mettre ma famille à l'abri. J'avais dépensé le reste de l'argent dans des sociétés Clermontoises pour obtenir un revenu plus ou moins fiable et pouvoir poursuivre mes recherches. En 1842, Morny devint Député du Puy-de-Dôme et me nomma assistant parlementaire, puis me fit nommer Secrétaire d'État à l'Éducation de 1851 à 1852. Je rencontrai alors le demi-frère de Morny, Louis-Napoléon Bonaparte.


Livre VI- Le Second Empire

Vous, lecteurs de mon temps ou bien des générations m'ayant succédées, je vais éclaircir quelque peu vos lanternes sur ma position envers l'acte perfide de 1851. Oui, j'ai participé au coup d'état de 1851. Mais je n'ai en aucun cas soutenu les Bonapartistes. J'ai participé à cette mascarade depuis les barricades. J'ai vu la garde nationale ouvrir le feu sur le peuple, tuer des femmes et des enfants. J'ai toujours cette vision d'horreur. Un enfant ayant à peine 6 ans déchiqueté par les fragments des barricades ayant explosé sous les coups de canon de l'armée. J'ai certes “assassiné” ma belle-fille en couche quelques années plus tard, mais l'on ne peut dignement tuer des enfants.

Durant le Second Empire, je fus Ministre de l’Instruction Publique. Ces années furent troubles pour moi. Je ne cessais de revoir les morts du coup d'état. L'Empereur m'offrit le titre honorifique de Marquis de Saint-Paul, ainsi que le Château des Jardins Saint-Paul, et le titre de Comte de Savoie à perpétuité pour moi et mes descendants. J'ai accepté ces « cadeaux » sans oublier le sang des innocents qui en coulait.


Livre VII- La Commune

Suite à la chute du Second Empire, je fus presque gracié par mes pairs politiciens. Adolphe Thiers me rendit mon poste de Ministre de l’Education. J’ai toujours eu une certaine malchance à tomber sur les gouvernements voués à l’échec. Après mon arrivée au gouvernement nous entendîmes tous parler de la révolte à Paris. Des insurgés prirent le contrôle de Paris en opposition avec notre gouvernement et le traité de paix. Bien sûr, qui dit insurrection dit répression sanglante… Je fus fortement opposé à cet acte, mais encore plus au fait d’appeler l’armée Prussienne qui venait de nous écraser, et de tuer mon fils unique, pour le faire à notre place. D’ailleurs, M. Victor Hugo eut de nouveau des mots contre un gouvernement auquel j’appartenais. Ce Monsieur Hugo est, certes, une grande plume mais il a tendance à trop souvent l’utiliser des encriers ne lui appartenant pas. Enfin, ceci étant fait, j’ai décide de me concentrer sur les projets de réformes de l’éducation. Je ne l’ai pas écrit jusqu’ici mais le plus important de tout reste l’éducation des jeunes gens. Même si les années qu’ils vivent seront sûrement les plus heureuses qu’ils vivront.


Livre VIII- La drogue des poètes

Ce que j’avais caché jusqu’ici, c’est que le Duroy était mon ami. Certes, pour moi, l’amitié est plus importante que de nombreuses choses, mais me doubler et me discréditer auprès de Talleyrand par avidité mérite un châtiment. Suite à sa mort, je fus étonné d’être sur son testament. Il me léguait 1 303 hectares de champ de pavots et 800 de latex en Birmanie. Lors de cette découverte, quelques choses émergea de mon esprit : le commerce de l’Opium. Ceci ne pouvait que m’enrichir, étant donné qu’aucune loi n’interdisait son commerce. Au contraire, tout le monde en voulait. Cela rendait “important”. J’étais l’un des seul français à le faire. Mon commerce était discret au début, puis j’ai ouvert une fumerie dans le faubourg Saint-Marcel, non loin de la pension “Napoléonienne” de mon ami Joseph Roche et de ces grisettes. Les grisettes… j’en avais fréquenté beaucoup dans ma jeunesse un moyen simple et peu coûteux pour se vider et rendre la vie plus supportable, un moyen de plus pour résister à mes pulsions les plus sombres et pour éviter de faire des choses regrettables.

Cela reste un sacré coup ! Enfin, tout ceci n’est qu’une pierre de plus sur mon monument de débauche.

Livre IX- Les Remords

Le jour en lequel j'écris ces mots est le 14 juillet 1888. Mes proches sont presque tous morts, l'Empire est tombé il y a 18 ans. Je ne suis plus qu'un vieil homme dépassé par les événements. Je suis actuellement conseiller à l'Éducation auprès du gouvernement et ai obtenu de nombreuses possessions coloniales. Je sens la douleur de mes vieilles blessures revenir. Je me remémore toute ma vie. Mon enfance d'orphelin, la gentillesse de l'Abbé Périgain. Mes études, Talleyrand, la Suisse, l'Algérie. Les d'Orléans, mon amour pour mes maîtresses, ma haine grandissante pour ma femme, mon fils unique, mes petits-fils, tous ces attentats. Les batailles à l'Assemblée, le coup d'état, les morts, l’odeur de la Mort. Le sang que j'ai sur les mains. Ma vie a été longue, j'ai trahi beaucoup de mes amis, éliminé mes ennemis, mené une vie de monstre. Mais après tout, qui suis-je à la base ? Un orphelin, étranger, qui plus est. Et j’ai réussi à me hisser dans les plus hautes sphères du pouvoir. L'Histoire m’oubliera sûrement, ce pourquoi j'écris ce livre. Mes descendants, ne m’oubliez pas, n'oubliez pas vos origines et n’oubliez pas que vos amis proches sont sûrement vos seuls alliés dans cette guerre qu’est la vie.
Je vous fait également part de mes nombreuses aventures avec des femmes dans le but de monter plus vite dans les sphères de l’état ou d'acquérir de l’argent et des terre, mais aussi simplement par amour du sexe opposé et de sa beauté qu’absolument rien ne peut égaler. Ceci était des aventures charnelles, car je me dois et regrette de le dire, mais pour moi, l’Amour n’existe pas. Les sentiments réciproques qui nous animaient, Marie-Thérèse et moi, se sont éteints après quelques années. Nous avons vécu le reste de notre vie comme des colocataires n’étant là que pour le statut social et faire bonne figure devant la société. Nous faisions même chambre à part depuis la naissance de notre fils. L’Amour n’est qu’un sentiment pour les enfants, permettant de leur faire croire que la vie est belle, mais elle ne l’est point. La vie est faite d’un ensemble d'événements aléatoires pouvant vous détruire à chaques secondes. Tout ce qui compte dans la vie sont les amis, le plaisir charnel et ce qui apporte du plaisir tels que l’alcool, la drogue, etc...

PS : J'ai enfin fini mes recherches. J'ai enfin découvert l'identité de mes parents. Mon père était le frère de Jean-Baptiste Théodokis et ma mère, la fille de Konstantínos Mános.
“La Misère est un mot inventé par les puissants pour symboliser ce qu’il redoute le plus.”


Ferdinand mourut assassiné le jour même par un domestique révolté, dans l'une de ses propriétés en Afrique Française. Il est enterré dans le cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand.

-Leopold de Velaine