Enfin libre : bilan d'un mois de présidence

Day 835, 15:21 Published in France France by Ivan Dusaiks


Désormais, je peux tout dire. Ou presque. 🙂


Il y a tout juste un mois, alors que je déclarais ma candidature, jamais je n'aurais imaginé être élu. Trente jours et un mandat plus tard, il est temps de faire le bilan de cette improbable élection. Dans moins de quarante-huit heures, je ne serai plus président.

Mais revenons d'abord aux premiers jours de février. A cette époque, la France revivait presque. Une semaine avant les élections, l'équipe gouvernementale parvint à regagner l'Aquitaine, grâce à un soutien appuyé de nos alliés, les français reviennent, un hôpital est réinstallé, et puis... et puis une poignée de jours plus tard, alors que les batailles d'Angleterre se succèdent et font rage, nous perdons tout dans une confusion amusante. Lorsque j'accède au poste suprême, après une campagne mouvementée, il ne reste plus grand-chose du pays, si ce n'est l'improbable Haute-Normandie, attaquée simultanément par les USA et l'Espagne, qui cherchaient à éliminer la menace de nos alliance contre eux.

Ce jour là, nous espérions sauver cette fameuse région, mais les états-unis remportent le match, à grands renforts de golds de toutes origines. Avant, donc, d'être le président de la reconquête, les événements m'imposaient d'être celui de la survie de notre nation, et c'est cet objectif seul que j'ai sans relâche poursuivi, en dépit des courants et marées. Et cette survie ne passait pas seulement par la récupération d'un unique territoire, ou même de dix, en réalité elle était le masque pudique d'une réalité duale : la pérennité de notre communauté et de ses dix mille citoyens, qu'il fallait à tout prix inciter à rester, en leur donnant un point d'ancrage à terme. En d'autres termes, maintenir le moral des troupes et trouver un bout de terrain pour planter un drapeau, le tout sans la moindre ressource, un trésor vide, des alliés réticents ; fort heureusement, il nous restait notre créativité, notre population – nous – et ses skills aussi.

Certes, il eut été souhaitable de faire plus, peut-être de faire mieux, ou différemment, nous ne referons cependant pas l'histoire, et je dois dire qu'au regard du bilan brut de mon mandat, je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine fierté pour ce qu'ensemble nous avons accompli. Je ne sais pas quelle fraction de la population française a décidé de rester, encore moins combien sont partis, mais nous avons en ce jour bel et bien deux régions, en sécurité qui plus est. Au moins avons nous le droit à un jeton de manège supplémentaire, et c'est bien ce qui compte.

Quoiqu'on en dise au sujet des allées et venues, des absences épisodiques de certains ministres, le résultat est là, et ce serait hypocrisie que de le nier, de même que prétendre que les événements eussent été plus favorables si telle décision avait été prise, ou si tel autre coup avait été retenu – c'est sommairement s'adonner à une espèce de voyance inversée et dangereuse, et mal nommer la spéculation qui elle, concerne l'avenir. Peut-être qu'il aurait fallu donner plus ou moins de pouvoir au corps diplomatique, peut-être qu'il aurait fallu nommer untel à la place de machin, peut-être encore aurait-on du se rendre au lieu de jouer cet entre-deux diplomatique, je n'en sais rien, et les critiques non plus. Reste le résultat, palpable, concret, et si ce n'est pas tout ce que l'on pouvait rêver, Paris, l'Aquitaine, 5000g, et de la bière gratuite, l'objectif initial a été en ce jour atteint. La France a survécu, et sa survie à long-terme est possible. Pas certaine, mais possible.

Cela signifie-t-il que je n'ai pas de regrets ? Bien sûr que non. Pour parvenir à ce résultat, j'ai du, pendant l'essentiel de mon mandat, maintenir une certaine réserve quant à la publicité de l'action effective du gouvernement. Les plans de bataille s'esquissaient, mais à l'abri des regards, toujours changeants, souvent fort surprenants, de même que l'action diplomatique, et ces éternelles et éreintantes négociations avec nos alliés comme nos ennemis pour s'assurer que quoiqu'il advienne, à n'importe quel prix, le 23, nous ayons une région afin de conserver la maîtrise de l'attribution de notre citoyenneté, et partant, la sécurité de nos élections.

Je me suis donc laissé aller à la plus détestable des compromissions, qui était le prix à payer pour être chef de guerre au lieu de président : je me suis laissé aller sans vergogne à la rétention d'informations, afin d'être en mesure de manipuler nos amis ou nos adversaires sur le grand échiquier des négociations, sans révéler nos cartes, tout en en distribuant quelques unes lors d'articles réguliers qui devaient maintenir le moral des troupes et une dose d'espérance. Je n'en éprouve guère de satisfaction, et c'est peu dire, mais je n'ai pas de regrets ; si c'était à refaire, je n'y changerais rien.

Dans une perspective moins sombre, quoique contestée par quelques uns, je n'ai, au cours de mon mandat, pas hésité une seule seconde à faire passer les intérêts français avant ceux de tout autre pays, alliés inclus ; de fait, notre indépendance est pour l'heure plus que garantie, avec les résultats qu'on leur connait. Je me suis refusé à jouer les fanboys suivistes de l'alliance Phoenix, sans refuser les alliances historiques, et je n'ai pas hésité à user de toute la gamme des tons diplomatiques. Dans le même ordre d'idées, si notre prochain président souhaite ouvrir des portes chez Eden, je suis loin de les avoir fermées, et il pourra trouver des passerelles fort commodes pour prendre une option ou son contraire.

Cet équilibre est précaire, instable, mais il est aussi, je crois, le plus porteur, et nous sommes à même de prendre sans vergogne la voie au plus grand potentiel, ou celle du plus offrant, pour prendre une métaphore marchande. Un bon président doit faire abstraction des émotions, des prétendues amitiés, surtout de celles qu'on lui manifeste, pour se concentrer sur les intérêts stratégiques qu'il a à défendre, et j'ose espérer que cet héritage-ci au moins demeurera. Nous avons très peu d'amis, mais de nombreux partenaires, beaucoup à prendre et à offrir, quoique le jeu se fasse dans un monde un peu dingue où parfois la gloire ou la revanche importent plus que la victoire.

En définitive, je me sens absolument incapable de juger d'un seul qualificatif, bon ou mauvais, en embrassant d'un seul regard ce long mois écoulé ; l'on peut apprécier un monde manichéen, noir, ou blanc, avec ses chevaliers, ses princesses, et ses monstres de légende, mais il faut bien avouer que nous jouons à un jeu où le plus manipulateur gagne, où, dans le concert des nations, il ne s'agit pas de se faire des amis pour aller prendre le thé, mais de placer ses pions, et de se laisser placer à son tour, aussi la victoire est-elle une affaire de perspective, parce que le jeu est sans fin et qu'il n'existe aucun critère objectif pour pouvoir clamer « j'ai gagné à erep » (play again, insert coin). Peut-être que pour certains, le minimum à attendre était Paris, et dans ce cas je les enjoins d'urgence à faire part de leurs idées et de leurs compétences supérieures à mon successeur, pour d'autres, peut-être que gagner aurait signifié renforcer notre lien avec phoenix, et à leur yeux nous aurons échoué, parce qu'ils n'étaient pas le public visé, peut-être enfin, je l'espère, pour la majorité, ce gouvernement aura taillé la première quoique indispensable marche vers notre renaissance, et en cela ce mandat n'aura pas été complètement inutile.

Pour ceux qui, en guise d'épilogue, s'intéresseront à ma petite e-vie, à laquelle je vais désormais bientôt retourner, ma principale préoccupation restera de contribuer à la bonne préparation de notre pays aux modules à venir. Chaque grande transition que nous avons jusqu'ici entamé a été une véritable catastrophe, et notre économie autant que notre armée portent encore les stigmates de l'acharnement morbide ou de l'erreur encore, parfois, après plus d'un an. Si Onlypoker est élu, je jouerai dans son équipe, le cas échéant ce sera sans doute une entreprise plus solitaire, je ne me sens guère capable de coopérer avec nos deux autres candidats, au vu de leur passé politique – une feignasse notoire, qui fuit ses responsabilités dès que faire se peut, et un mec qui s'amuse à vider la banque centrale française pour s'amuser, voilà notre duo de choc. Onlypoker est certes de mes amis mais je le sais aussi travailleur et suffisamment déterminé pour choisir le cap qui lui conviendra le mieux, sans trop se préoccuper des pressions qu'il endurera très bien.

C'est avec un plaisir non dissimulé, cher lecteur, que je laisse maintenant la place à notre moment préféré de l'article, et ce n'est pas la scène de fin où le héros se tape son assistante dans la voiture, en sortant une bouteille de champagne, mais à notre célèbre, à notre immense, à notre inénarrable, séance de trolls et d'insultes qui semble coller aux articles présidentiels comme les ornements aimés des trottoirs parisiens. Faites place, Il arrive !

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