Des tentatives de coup d'état

Day 885, 03:36 Published in France France by Ivan Dusaiks


Il n'y a pas que les 18 brumaire qu'on a le droit de s'amuser, surtout lorsque Napoléon a de l'arthrite et se déboîte les articulations.


Les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que depuis quelques jours, nous sommes assis sur une véritable bombe politique. Tandis que l'immonde se déchire à coup de millions de dégâts, la France livre une bataille contre elle-même, avec des retournements et des coalitions tout à fait rocambolesques, pour ne pas dire des plus improbables. Reconnaissons que notre option est tout de même beaucoup plus drôle que de ruineuses batailles, mais tout aussi distrayante, si ce n'est plus, comme le présent article tentera de l'expliciter.

Revenons en aux origines de l'Affaire. Peu après le début du mandat présidentiel, les critiques commencent à fuser : « président des deux clics », « l'incompétent », « l'incapable », et cela, dès la fin des élections. En outre, de petites vidéos ont commencé à circuler très rapidement sur IRC, telles que celle-ci, ou cette autre caricature assez médiocre en son genre. En soi, cela serait très anodin si ce n'était le reflet d'une problématique beaucoup plus complexe qu'on ne l'imagine au premier abord.

Chaque jeu en ligne de type « meuporg », quel qu'il soit, connait très rapidement une division assez marquée entre ses joueurs, à savoir les joueurs occasionnels, qui jouent lorsqu'ils en ont l'envie, le temps, l'opportunité, mais à qui ça ne manquera pas de louper une ou deux journée d'action, et l'aristocratie, ceux qui passent plus de temps et s'investissent de manière plus approfondie avec, il faut l'avouer, assez peu de ponts entre ces deux mondes. En règle générale, c'est l'aristocratie qui occupe les positions de pouvoir, lorsqu'il y en a, eRepublik n'échappant pas à la règle. Et pour cause ! Le congrès est l'essence même de ce pouvoir aristocratique, puisque pour obtenir l'un de ces fameux sièges, il faut soit en être membre, soit avoir passé le contrôle qualité que représente le président de parti, soit être d'une grande utilité au parti en question - ce qui peut parfois se résumer à faire barrage à un adversaire, donc servir ladite aristocratie. Le 25 de chaque mois, elle dépêche et coordonne les élections, qui se jouent dans les déserts de population pour l'essentiel, en y envoyant ses votants volants.

C'est ainsi que l'on obtient très souvent un congrès assez radicalement différent de ce que l'on pourrait appeler le paysage politique militant.




Image cliquable - Note : les partis non élus ont été volontairement ignorés.

L'aristocratie donc, minoritaire, parvient à assurer ses places au congrès, comme en témoigne la très forte disparité entre le nombre de militants et le pourcentage de places obtenus au congrès, ce qui, en définitive, en dépit de non-conformité aux canons démocratiques, n'est qu'une certaine forme de justice pour le temps investi. C'est en tout cas une rétribution qui a sa légitimité et sa cohérence, la récompense pour le temps consacré.

Cependant, il reste un obstacle, ou plutôt une problématique constante, la présidence. S'il est évident que les filtres jouent là encore très largement, par l'intermédiaire des processii de désignation du candidat par le parti, celui-ci ne peut être efficace à tous les coups. Bien entendu, cela peut parfaitement se produire au congrès, et créer quelques ovnis passagers ou être un sujet de distraction perpétuel pour l'élite, mais la position singulière du président ne lui permet pas de n'être qu'un mouton noir exotique amusant lorsqu'il n'a pas sa carte du club – autrement dit qu'il ne s'est pas assez montré sur IRC et qu'il n'a pas passé l'examen officieux de son groupe politique. Certains présidents parviennent à créer une passerelle entre ces deux mondes, d'autres pas, et sont de purs produits de la sélection partisane, mais des accidents peuvent bien entendu survenir dans ce paradis terrestre.

Et c'est là le cœur de toute la contestation du moment. Alors que les canaux IRC soutenaient majoritairement Naischa, grande inconnue des français, désignée par l'alliance des libéraux et des nationalistes, les électeurs ont choisi un non-membre de la caste, quelqu'un qui de fait les prive des pouvoirs réels ou supposés qu'un autre résultat leur aurait apporté. Là se trouve tout le comique de l'affaire, la preuve est faite que s'investir sur eRepublik, qu'on soit d'ailleurs bon ou mauvais, peut très bien se solder par une non-reconnaissance électorale, parce que la mainmise sur l'exécutif est bien plus précaire qu'on ne l'aurait imaginé, et qu'il suffit de peu pour le perdre pour un mois. Il faudrait donc en toute logique, apprendre à partager et à la mettre en sourdine le temps que l'orage passe, mais c'est à croire que ce bon sens élémentaire n'est pas le mieux partagé au monde, que toutes les réactions passionnées que suscite le jeu dépassent largement la commune mesure. Il est tellement plus drôle de souffler sur l'ouragan pour tenter de le faire changer de destination...

L'agitation qui anime le congrès, jusqu'à la plus petite fanfaronnade que même le parti koinmuniste n'aurait osé entreprendre lors de ses heures de gloire, les procédures illégales au regard des codes constitutionnels et techniquement impossibles à mettre en place in-game, telles que la tentative récente de forcing pour l'entrée dans l'alliance phoenix, sont le reflet de cette frustration de l'aristocratie d'avoir perdu la main sur les affaires étrangères, parce que quoiqu'on en dise, c'est le président qui en décide, par la concertation ou par la force, grâce entre autres à son initiative en la matière. Ironiquement, le président aurait même toute latitude pour nous faire entrer bon gré mal gré dans Eden, Sol, l'alliance (fictive) des chevaliers en slip de la mer égée ou l'alliance trouglouglou en jouant finement et sans rendre de compte au congrès de l'usage de ses prérogatives militaires, ou bien encore en menaçant celui-ci de laisser le pays sans défense s'il n'approuve pas les changements, parce qu'il est précisément élu pour avoir l'accès exclusif et non partageable à aux boutons en question. Autant dire que nos chers élus jouent un jeu bien dangereux, pour eux et pour le pays.

Bien entendu, pour nous autres péquins de base, non élus, ou membres du fameux club mais ayant un tant soit peu de patience, de bon sens, de clairvoyance, ou de capacité d'acceptation, de prendre un parti quelconque, ce serait malséant, mais bien de rire ensemble rire des malheurs des autres, surtout lorsqu'ils se pensent puissants, et font d'un bobo une véritable tragédie grecque en cinq actes. A quand le 5e vote d'impeachement ?

Vous avez aimé cet article ? Vous non plus vous n'avez pas votre carte au CA mais vous vous foutez bien des misères de ces aristocrates en plein sentiment d'abandon ? Aidez à en propager l'humour noir et les sarcasmes en le votant ! 🙂

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