De la démocratie en France

Day 658, 10:03 Published in France France by Hokno

J'ai rencontré un employé du ministère ce matin.

Après s'être commandé une bière, il s'est assit, je l'ai imité et je me suis assis aussi. La serviette qu'il trimballait était toute bouffie. En effet, l'indigestion de paperasse l'avait rendu presque ronde. Je le fait remarqué à mon invité, le sourire aux lèvres. Comme réponse, il tend son bras gauche droit devant lui - c'est sa façon de me dire d'attendre. Durant quelques secondes il me regarde sans sourciller. Son visage plat d'un homme à l'affut le rend plus jeune. A tel point que j'ai l'impression de voir un fantôme d'une vie passé. Là, pendant deux secondes. Mais très vite le grand drap se plisse, son regard toujours aussi sombre fait contraste avec le sourire qui se dessine plus bas. Il se retourne alors, nonchalamment, et décharge d'un de ses bock le serveur qui passait là. S'en suit un étrange spectacle, toujours le bras tendu, il se met à boire d'une traite sa bière. A chaque gorgée, sa mâchoire puis sa gorge bat la mesure. Le serveur, planté devant la table, accompagne la farandole de ces clignements d'yeux. Tout était minutieusement réglé.

Ce n'était pas qu'un simple employé du ministère que je rencontrais ce matin là mais aussi un des plus grands bureaucrates de mon temps.



" Et bien, je dirais pas non si vous me remettez ça ! " Après s'être débarrassé du serveur, son attention revint vers moi. Il était tout heureux de son manège comme l'aurait été un petit garçon. Il se souvient alors de ma remarque, et me dit d'un ton sérieux " Oh oui, mon ami, dur journée aujourd'hui ! " Sa journée avait été, il est vrai, bien chargé. Il avait du aujourd'hui lire deux rapports de commissions oubliés puis de ces pavés, il s'était employé à faire des notes de synthèses- autrement dit un concentré plus indigeste encore. Heureusement que l'administration a l'estomac solide car elle en digère par jour des notes et des rapports. Et aussi obtus soient t'ils, elle les avale sans brocher, sans mâcher. L'ordre et la tradition qui règne dans cette machinerie complexe en ait la clé.

Après avoir énumérer un tas de lieux communs, la politique arriva enfin dans notre conversation. Il me raconta les offensives de certains groupuscules gauchistes sur "son" institution.

" Non mais tu vois, la démocratie direct et tout ce qui s'y rattache, tout ce qu'il dise là, et bien si tu veux mon avis c'est du grand n'importe quoi ! Je sais pas moi mais on est en France, à que je sache la capacité a toujours été reconnu à sa juste valeur. Alors oui, obtenir un poste est parfois difficile. Il faut du temps, s'engager, le temps de se former au travail quoi ! Et je vois pas ce qu'il y a de mal dans tout ça, bien sur c'est pas accessible et tout et tout mais quand tu t'y réfléchis bien, c'est comme ça qu'on arrive à avoir les meilleurs. On est pas nombreux mais on est efficace !
Et puis bon, mettons ! Ce n'est pas parceque tu es citoyen, que tu es forcement compétent ou même que tu es forcement fait pour faire un boulot comme ça, sans parler de l'aimer hein ! Leur grand argument, c'est que cela permettra de faire apparaitre des talents cachés mais foutaise !, foutaise !, foutaise !, que j'te dis ! Les talents, s'ils sont si talentueux et passionné que ça, ils passeront aisément toute les obstacles qu'ils rencontreront. Supprimer tout ça, et donner à chaque citoyen le moyen de rentrer parceque ça lui plait ça va nous ramener tout ceux qui n'ont pas réussi jusqu'à présent et tu sais pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas compétents !
Alors moi je vais te dire, le bon fonctionnement des institutions ils en ont rien à faire, ce qu'ils veulent en vérité c'est simplement grâce à leur pseudo-idéaux pouvoir placer des citoyens là où il faut et prendre le contrôle de l'administration...et après le pouvoir suivra, crois moi ! "

Sur ces mots, je ne trouvais pas mieux à faire que de prendre une lampée de ma bière. Je la sentais pétillé contre mon palais cette bière et à vrai dire, je la savourais. Je la savourais comme je savourais cette aveu magnifique ! J'avais mon papier.



Je raconterais à mes lecteurs la peur de cette automate joufflu de perdre le pouvoir. Et que s'il craignait de le perdre, cela voulait dire qu'il le détenait. Lui le bureaucrate, homme sans autre conviction que l'amour de l'efficacité, qui aidait autrefois les autres, les présidents, les ministres à faire passer leur programme de chimères à la réalité et qui avait cependant disparu, perdu par ce meme amour qu'il avait répandu partout - même là où il ne fallait pas. Bureaucrate et politique ne font qu'un désormais. L'efficacité était désormais le futur de la France mais l'efficacité pourquoi ?

Et puis je parlerais du PK et de ses erreurs. Je dirais que la démocratie directe enlèvera ce qu'il y a de plus positif au système actuel, c'est à dire la compétence. Les nombreux verrous qui permettait de la développer ayant sautés, il ne restera plus que des assemblées et des ministères où celui qui parlera le plus fort et le plus longtemps verra ses idées triompher.

Et pour morale, je dirais qu'il est vrai que les cadres limitent mais qu'ils limitent aussi ce genre d'excès.

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