Au bon vieux temps des colonies...

Day 1,089, 02:44 Published in France France by Ivan Dusaiks


Dégainez les tam-tams, faites charger les tirailleurs !

« Dis papy, c'était comment au temps des colonies ? ♫
Au commencement, mon cher petit... Au commencement était le PSD. Et le monde était bel et beau. Les producteurs produisaient pour la Gloire de la France, les Gouvernants dirigeaient la masse indigne du peuple, se sacrifiant sans honte à cette ô combien noble tâche de mener en cet immonde les brebis que nous étions, les militaires protégeaient le gouvernement de la vindicte du peuple, et nous régnions sur le monde. C'était ça, le temps des colonies. »

Au commencement, le PSD, aussi vaste profond que l'Origine du monde (mais de l'autre côté, ce que Gustave Courbet n'aurait jamais osé – vous pouvez visualiser la scène pour de meilleurs effets spéciaux) nous sauvait heure par heure des barbares mécréants. A ma grande surprise, et au grand bonheur de Friedriech Nietzsche, l'étonnant retour du même s'est immanquablement produit. La petite histoire de l'éternel retour du même, c'est que l'histoire, cyclique, nous fait régulièrement revivre ses instants de bonheur, que nous souhaitons éternellement revivre dans la Joie, la Grande Santé, etc. Bien entendu, pour les moins anciens d'entre vous, cela n'est guère explicite.

Fut un temps glorieux, en effet, où chaque mois, trois fois par mois, le gouvernement indiquait sagement au peuple bêlant et déjà indocile que nous étions, comment bien voter. Comme sous ce cher Napoléon, IIIe du nom comme l'Empire germanique éponyme, il était de bon ton d'indiquer un Candidat officiel, signalé benoîtement par des affiches blanches, couleur d'affiche de campagne qui bien entendu était interdite aux autres partis, forcément amenés à la minorité. Le blanc, c'est plus sérieux... C'est ainsi que l'on a éduqué le bon peuple à la démocratie, ma brave dame, car on l'a préservé des vilains populistes qui autrement se seraient emparés des esprits pour les hanter, et l'exorcisme aurait été autrement plus complexe que de guérir ce Mal, absolu.

En cette époque bénie, il était aussi coutumier d'assumer l'existence d'institutions pléthoriques, comportant chacune un chef, un sous-chef, un contremaître, des exécutants serviles appelés « assistants » et que les chefs dressaient à la pensée officielle par la même occasion, des contrôleurs des maîtres, des contrôleurs des assistants, et des contrôleurs de contrôleurs, sous l'autorité directe du ministre adjoint délégué aux affaires d'état – ce que l'on nommait du doux nom de la Bureaucratie. Pour une plus grande efficacité, chaque gouvernement se devait de créer une nouvelle structure, pour laisser sa marque dans l'histoire, et surtout histoire de dire au bon peuple qu'il n'avait pas glandé en jouant au ping-pong en ligne plutôt que de savamment administrer les milliers de cadrans plus ou moins subtils qu'il s'était pour l'occasion crées.

Bien entendu, on arguait à l'époque que le mécanisme des candidatures officielles se voulait représentatif, du moins, qu'il l'était d'une façon ou d'une autre, puisque le président officiel était désigné comme « celui ayant le plus de voix » à un temps T donné, et ce que ce soit 5 ou 1500 voix. Vous vous douterez bien que le premier de ces cas était le plus fréquent. Qu'importe, il fallait « sauver la France », et bien entendu, seuls ceux qui verrouillaient le pouvoir par cette prétention à la dimension héroïque et salvatrice en avaient la capacité.

Car ce qu'il faut comprendre du Miracle ATO, comme on pourrait l'appeler, c'est qu'il a le bonheur de verrouiller le paysage électoral pour une durée indéterminée, en plus de donner une image de sauveur christique, à la fois sublime et martyr, comme en témoignent les discours larmoyants sur la difficulté et la douleur « d'y aller », et cela au au bénéfice seul de celui qui le mettra en œuvre. Et si cela ne suffit pas, les institutions bureaucratiques, dont la gestion de haute volée repose plus sur le savoir-faire acquis de ceux qui, par l'expertise acquise, en détiennent le monopole de l'usage, ancrent un peu plus les leviers de gestion dans les mêmes mains « expertes », seul remède aux incompétences constatées quant au partage de leurs monstres entièrement taillés sur-mesure. L'armée, les finances, les entreprises nationales, la gestion des affaires étrangères en étaient et en sont les exemples les plus probants, les plus frappants. Plus la machine est complexe, et moins les petits pouvoirs personnels, qui, accumulés, en forment de plus immenses, sont indéboulonnables.

Il s'agissait alors du système PSD, et il aura fallu toute une année et l'énergie de toute l'extrême-gauche pour en venir à bout, mais il est à craindre que, protéiforme, le Léviathan se soit relevé d'entre les morts pour terroriser et emmerder à nouveau les joueurs par ses fantasmes de contrôle total sur la population et sur sa destinée, sous les ors de cette législature, voire, de la précédente.

Votre serviteur, Ivan Dusaiks, qui n'a pas crée de journal sous un prête-nom.

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