Les vents du désert - Chapitre 2

Day 1,758, 13:42 Published in France France by Melkion

Les Ruines de l’Autel étaient un temple sacré chargé d’histoire. C’est en ces lieux qu’il était apparu la première fois, et c’était ici également qu’il avait été vu pour la dernière fois, laissant ses ouailles plongés dans un profond désarroi. Néanmoins, les lieux avaient bien changé. Construites sur une dune, les fondations n’étaient pas des plus solides et de l’illustre Autel ne restaient que des pierres éparpillées de-ci de-là. Pourtant, ce qui choqua les Fils ne fut pas tant les ravages du temps, mais l’instabilité du sable en ces lieux. Ils avaient l’impression qu’il se mouvait seul, agité par une force souterraine incontrôlable. Ils décidèrent donc d’établir leur campement quelques mètres plus loin, sur une dune qui leur semblait moins dangereuse.

La nuit n’allant pas tarder à tomber, ils bivouaquèrent sommairement, ingurgitèrent chacun une assiette de lentilles froides et se préparèrent à affronter les températures nocturnes en s’abritant derrière leurs épaisses peaux. Leur sommeil ne fut pas des plus reposants, le vent fouettant leurs tentes, et le sol sous eux les inquiétant plus que leur fatigue. Les Vents du Désert étaient violents, et cette violence avait de tout temps indiquée un profond bouleversement dans l’ordre des choses. Tous le savaient.

Le soleil se levant sur l’est, les Fils sortirent de leurs tentes. Que ne fut leur surprise en constatant que les Ruines de l’Autel avaient disparues, laissant place à l’Autel des Origines. Les pierres semblaient s’être replacées d’elles-mêmes pour reformer le lieu de culte que seuls les plus anciens d’entre eux avaient eu l’occasion de contempler. Le plus âgé des Fils alluma un cigare, car il en avait cueilli un sur un des arbres à cigares qui dans sa jeunesse était en culture dans la Cité du Vent. Il en aspira une bouffée, et l’air qui l’environnait allât porter plus loin la fumée de son exhalation. Et du sable il renaissait. A nouveau. Les cheveux aux vents, la tunique jaune, c’était le même homme. Il montait un ver de sable. Le plus imposant qu’il est été à voir de mémoire d’homme.

Les Fils sentirent monter des larmes de leurs yeux. Mais cette fois-ci, ce n’étaient pas des larmes provoquées par les rafales de sable. C’étaient des larmes viriles. Des larmes chargées d’émotion devant le spectacle de sa renaissance. Et quelle renaissance. Il chevauchait un ver de sable, comme s’il l’avait dressé depuis sa jeunesse. A l’exception que celui-ci était dans la force de l’âge. Et à sa main gauche, il portait le fabuleux Sabre de Sable. Il fit s’immobiliser le ver géant et s’adressa à ses Fils.

« Je suis votre Dieu-Empereur, Dio Brando » fut les seuls mots qu’il prononçât. A cette simple phrase, ils surent que leur périple n’avait pas été vain.