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Cela faisait des semaines qu’ils marchaient. Des jours qu’ils avaient quitté la dernière oasis répertoriée sur leur carte en peau de ver de sable. Et du sable, il y en avait tant autour d’eux. A perte de vue, on ne voyait que cela. Il ralentissait leur marche et leur brulait les yeux. Leurs provisions s’amenuisaient, mais ils avaient encore environ deux semaines de marge avant d’être contraints au retour. Le retour, ils essayaient de ne pas y penser, mais ils l’espéraient le plus tôt possible. Pour l’heure, leur quotidien était fait de vents brulants, de sable qui s’insinuait dans chaque trou de leurs robes bleues puis de leurs sous-chemises claires, dans leurs cheveux malgré leurs turbans, dans leurs yeux malgré qu’ils se protègent de leurs mains. A chaque dune succédait une autre dune. Mille fois ils avaient songé à renoncer, mais ils avaient un but, ils étaient guidés par leur foi, mus par la croyance qu’il était revenu.

Le bruit avait couru dans chaque village, pour atteindre les palais mal entretenus des derniers prêtres de la région. Des caravanes l’auraient aperçu. Ou son ombre du moins, car les témoignages étaient tout sauf précis. Il faut dire que le soleil rendait fous les intrépides Marcheurs du Désert, autant que l’eau de mer pouvait faire tourner la tête du plus sain des hommes. C’était néanmoins suffisant pour les derniers adeptes de l’Ancienne Foi. Ils s’étaient spontanément retrouvés dans l’ancienne église, la même qui accueillait des milliers de fidèles quelques années auparavant. Il n’en restait maintenant que les murs décrépis, un toit branlant et quelques vitraux brisés. Les pillards et le vent du désert avaient fait leur office. Une petite dizaine d’individus, c’était tout ce qui restait de leurs forces. Mais au moins étaient-ils sûrs de leur degré de dévotion. Aucun ne reculerait, ils en étaient convaincus. Ils n’avaient pas beaucoup parlé, mais avaient tous eu la même idée. Ils se sont quittés pour préparer leur expédition, et se retrouver quelques jours plus tard aux portes du Désert Sacré. C’était au plus profond des sables qu’il était apparu la première fois, peut-être y reviendrait-il à nouveau. Quand ils passèrent sous la Porte du Désert, immense arche de pierre à la fresque retraçant la Légende du Premier Homme, personne n’était là pour assister à leur départ. Ils étaient seuls et n’avaient pas eu besoin de se retourner pour adresser un dernier signe à leurs familles.

Depuis le temps, l’Ancienne Foi s’était tarie, et ses tenants passaient pour de doux dingues. Des signes annonciateurs s’étaient pourtant multipliés ces derniers mois. Les attaques de vers s’étaient intensifiées, à tel point que rares étaient les voyageurs à parvenir jusqu’à la Cité du Vent. Les Marcheurs aguerris eux, empruntaient les Chemins du Pèlerinage, plus longs mais plus sûrs. Le groupe avait dû faire face à cette triste réalité, et avaient déjà perdu un membre de leur groupe, aspiré par un ver dans une attaque impromptue.

Plusieurs jours passèrent encore, et les Ruines de l’Autel furent en vue. L’expédition des Fils touchait au but.



A suivre.