En hommage à Emile Samarkand

Day 833, 15:19 Published in France France by Jebbidle


Chers lecteurs,

Premièrement, je tiens à vous présenter mes excuses, car eRepublik ne permet pas d’afficher plus de 25 caractères dans le titre du journal.
Même si c’est affiché La culture dans tous … le nom du journal est bien La culture dans tous ses états. C’est important de préciser pour la suite…

Je l'ai dit, ce journal a pour vocation de vous informer sur le "dehors", sur ce qui se fait de bien hors eRepublik, sur ce que vous, passionnés d'informatique ou lecteur invétéré, amis des animaux ou chasseurs, fins gourmets ou fans de fast-food, hommes ou femmes, vous pourriez ne pas connaître, voire pire : manquer de connaître.


Introduction

Pour ce premier article, en hommage à l'avatar Emile Samarkand décédé il y a déjà plusieurs mois, et rédacteur en chef de "l'Exception Culturelle", un journal merveilleux qui nous propulsait dans les méandres de la culture littéraire française et même étrangère, quoi de plus évident que de s'intéresser au nom même du fondateur de journal ?

D'où vient ce pseudonyme Emile Samarkand ? Est-ce un personnage vivant ou mort ? Est-il très connu ou pas du tout ? Est-ce un personnage créé pour un roman, un film, une publicité, bref, une quelconque histoire ? A-t-il seulement jamais existé ? Eh bien justement, là est l'os ! J'ai eu beau fouiller le Net, chercher dans le Quid, renverser la bibliothèque de ma ville, rien. Ce personnage est tout bonnement introuvable, inexistant. Rien ne laisse à penser qu'il ait un jour foulé la terre de notre planète.


Réflexions…

J'aurais pu me dire "bon OK, il a inventé un nom à consonance française pour le fun" mais ça serait mal connaître le bonhomme, le vrai, celui qui se cachait derrière l'avatar. Car oui, je connais le joueur. Et c'est un mec fin, qui connaît l'histoire et la littérature. J'en conclus donc que le pseudonyme "Emile Samarkand" n'a pas été choisi en tapant sur le clavier les yeux fermés...

Si on le décompose, on a d’une part "Emile" et d’autre part "Samarkand". Jusque là, rien de bien difficile. Le prénom "Emile" m’a tout de suite fait penser à Emile Zola, sachant que le joueur dont nous parlons est, sinon un passionné, un admirateur de Zola. Alors, si cela a été facile à découvrir, le nom quant à lui m’a quelque peu laissé perplexe, "Samarkand" étant une ville d’Ouzbékistan ! Continuant mes recherches, un détail a attiré mon attention : cette ville est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, organisme regroupant les plus belles œuvres culturelles du monde !


Conclusion

"Emile Samarkand" est donc né de l’union d’un prénom d’auteur immensément connu représentant la société Française et d’un nom d’une ville méconnue par la plupart d’entre nous, mais incontestablement remarquable sur le plan culturel.
Beau mélange, belle association, beau pseudo. Cela dit, "Jebbidle" ça a son charme aussi, non ?

Voilà donc percé le mystère du pseudonyme "Emile Samarkand".


Comment ça, la conclusion n’est pas la fin ?

En effet, m’arrêter à ce point n’aurait pas été digne des pavés à rallonge qu’écrivait Emile, alors j’en profite pour vous faire découvrir l’un des auteurs les plus engagés de la presse Française : Emile Zola. Nous l’avons évoqué plus haut, mais le connaissez-vous vraiment ? « J’accuse…! » Oui, forcément ce titre vous rappelle quelque chose, mais quoi ? Que reste-t-il dans votre cervelle à son sujet ?

Ne paniquez pas, La culture dans tous ses états est là pour vous aider ! Voici sa vie, en accéléré d’accord, mais c’est mieux que rien !


Emile Zola naît d’un père Italien et d’une mère Française le 2 Avril 1840 à Paris. Il adore la lecture et se passionne pour la littérature. Au collège, il est pote avec Paul Cézanne (ndlr : un futur peintre) à qui il fait lire son premier roman sur les Croisades, surement écrit à l’âge de 10 ou 11 ans. Balaize…

A 18 ans, il vit misérablement à Paris, ratant deux fois son bac et n’ayant aucune formation. Toujours féru de lecture, il découvre entre autres Molière et Shakespeare. Ses relations avec Cézanne l’amènent à faire la connaissance de Manet, Renoir et Pissarro.

Quatre ans plus tard, Zola n’a toujours ni diplôme, ni emploi. Il entre finalement en contact avec Louis Hachette et travaille dans sa librairie. Il y découvre le monde de l’édition. On est en 1862.

A partir de 1866, après avoir aidé ponctuellement dans l’écriture de rubriques littéraires, il est autorisé à publier ses propres textes (majoritairement des critiques littéraires, artistiques ou dramatiques), montrant à un plus grand public son talent d’écrivain. Puis il est réclamé chez plusieurs éditeurs, "Le Figaro" étant un des journaux pour lesquels il a offert sa contribution. Il publie aussi (accessoirement) une centaine de contes, et commence à réaliser un projet qui lui prendra 22 ans à achever : l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, dans le cycle des Rougon-Macquart.

Il s’exprime de plus en plus activement dans la presse française et ajoute une dimension polémique à ses articles, ce qui lui vaut quelques arrestations à partir de 1871. Il ne s’intéresse pas au monde politique, mais ne se fait pas prier pour attaquer l’Eglise.
Ce sont des années fastes pour lui, durant lesquelles il rencontre Goncourt, Flaubert, Daudet et Maupassant, publie un roman par an, de nombreuses publications journalistiques, mais aussi des pièces de théâtre et des contes. En 1877, « L’assommoir » est un énorme succès qui le mettra à l’abri du besoin jusqu’à sa mort. Mais plusieurs décès consécutifs dans son entourage le plongent dans une forte dépression et en 1881 il cesse le journalisme. Il ne reprendra sa plume que pour l’affaire Dreyfus.

Zola est un fervent Républicain et s’engage tôt dans des combats contre l’Empire. Certains volumes du cycle des Rougon-Macquart sont d’ailleurs censurés à cause de leur portée à la fois satirique et politique. La fin de l’écriture de cette entreprise titanesque s’achève en 1888, année durant laquelle il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. En 1893 il sera même Officier de la Légion d’Honneur. En 1895, ses revenus annuels sont de l’ordre de 450000 euros (ndlr : conversion automatique).

En 1897, il s’engage dans un combat politico-militaire : l’affaire Dreyfus. Un capitaine de l’Armée Française, Alfred Dreyfus, est accusé de trahison et exilé sur l’Ile du Diable (ndlr : près des côtes de la Guyane), alors que le vrai traitre, le commandant Walsin Esterházy, est condamné puis acquitté. Devant cet acharnement, Zola prend parti et publie le 13 Janvier 1898 dans le journal "L’Aurore" un article titré « J’accuse… ! Lettre au Président de la République par Emile Zola » qui entrainera, non seulement le tirage de 300000 exemplaires du journal (ndlr : 10 fois plus qu’habituellement), mais aussi la relaxe du commandant Dreyfus, l’assignation de Zola pour diffamation et sa suspension de l’Ordre de la Légion d’Honneur. Il ne sera jamais réintégré.

Il fuit aussitôt et s’exile à Londres, pendant qu’en France surgissent nombre d'articles satiriques, de caricatures et de chansons le traînant dans la boue, l'insultant et le diffamant.
Zola rentre un an plus tard, et continue à écrire, commençant un nouveau cycle « Les quatre évangiles » dont le premier volume, « Fécondité » est publié dans l’année. « Travail » suit deux ans plus tard. « Vérité » paraît à titre posthume. Et « Justice » ne paraîtra jamais, l'ouvrage étant resté à l'état d'ébauche au moment de la mort de l'écrivain, le 29 Septembre 1902, intoxiqué par un feu couvert dans la cheminée de sa chambre.

Les cendres d’Emile Zola reposent aujourd’hui au Panthéon de Paris.


Mes fidèles lecteurs, si vous êtes arrivés jusqu’à la fin de cet article, vous avez le droit à une récompense. Voici les dernières lignes de l’article « J’accuse… ! » qui livrent au public les noms des coupables :

« J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle.

J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l'état-major compromis.

J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du même crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable.

J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue et du jugement.

J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans L'Éclair et dans L'Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute.

J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable.
»


C’était le 1er Numéro de La culture dans tous ses états, en hommage à Emile Samarkand.

Si vous avez apprécié, n’hésitez pas à le dire et à subscribe si vous ne voulez pas manquer le prochain numéro. Si vous n’avez pas apprécié, n’hésitez pas également à le dire, j’aime savoir ce qui ne plait pas dans ce que je fais.
Merci.

Jebbidle

PS : désolé Ender Vault, j'ai eu un souci, obligé de supprimer l'article...