De la déliquescence de notre modèle social

Day 1,344, 18:19 Published in France France by SilkySpectre
Musique d’ambiance

Aussi incroyable que cela puisse paraître, je me suis de nouveau retrouvé visité par la Muse pour me sortir de mon habituelle torpeur journalistique. Si vous avez aimé mon panégyrique de la communication instantanée, vous devez vous attendre à un point de vue quelque peu plus personnel sur ce sujet ci : la déliquescence de notre communauté.

Elle est là, insidieuse et sournoise. Elle guette à chaque coin, discrète et imprévisible, s’insinuant lentement mais sûrement dans les moindres recoins de notre esprit. Et de mon point de vue d’authentique vieux con (X Le Variable en offre une description assez criante de vérité), je pense avoir quelques débuts de piste sur le pourquoi du comment de cette dégénéréscence et comment l’arrêter.

La perte de l’esprit pionnier

Tout est là. Le jeu en lui même devient vieux, et tout son modèle se meurt avec lui. En effet, quel mécanisme a fait son succès ? Ses graphismes époustouflants ? Ses outils surdéveloppés ?

Non. C’est avant tout parce que ce jeu offrait une nouvelle aventure que les joueurs s’y sont arrêtés. Construisez le Nouveau Monde ! Batîssez une nation ! Tout le monde joue à un jeu de stratégie pour le plaisir de partir de rien et finalement écraser son adversaire. Personne ne prend de plaisir à jouer à un jeu où tout vous tombe prémaché, prédigéré, et où vous avez juste à entretenir vaguement le système pour qu’il continue à fonctionner.

Quel plaisir aujourd’hui ? Quel plaisir peut on trouver à entrer aveuglement dans les rouages d’un système anthropophage, macrocéphale et maintes fois éprouvé ? Ivan Dusaiks l’avait compris à sa manière sans saisir la cause réelle du problème. Le joueur d’aujourd’hui est un maillon sans nom et sans visage de la machine eFrance qui avance implacablement vers son destin.

C’est cet esprit pionnier que les gens cherchent désespérement aujourd’hui. Ils veulent tenter quelque chose de nouveau, de créer quelque chose. C’est cet esprit qu’on retrouve chez les militaires se déportant vers les milices. C’est cet esprit qu’on a retrouvé chez les anciens pays de Phoenix lors de la dissolution de l’alliance. Instinctivement, l’homme moderne est attiré par l’inconnu qui vient délicieusement troubler sa vie bien réglée. Sa passion le porte vers l’inconnu tandis que sa raison freine des quatre fers pour rester en terrain connu. C’est l’éternel combat.

C’est cet esprit pionnier que les gens admirent instinctivement. Lorsqu’on vous demande de citer de vieux, très vieux joueurs, les mêmes noms tombent à chaque fois. Et quel est leur point commun ? D’avoir été des pionniers dans leur domaine. D’avoir su créer quelque chose. Leur nom est passé à la postérité à travers leurs créations. Ils ont su marquer de leur personnalité des institutions, des corps, qui ont survécu à travers ces trois longues années de jeu.

Cet esprit, tout le monde le cherche, mais personne ne peut plus le trouver. Il s’est évaporé depuis longtemps. Aujourd’hui, tout le monde joue, inconsciemment ou pas, selon le même modèle que tous les autres. Nous sommes devenus des moutons de Panurge bêlant en coeur vers notre chute finale.

Je vous le dis, cet esprit a disparu avec ses créations.

Les limites d’une communauté fermée

Par fermée, je veux ici entendre “en nombre limité”. C’est clair pour tout le monde, la communauté des actifs du pays est en nombre limité. Certes relativement important, mais limité. Et c’est cette fermeture qui cause lentement mais sûrement notre perte.

En effet, aux débuts du jeu, et lors des arrivées massives simultanées de nouveaux joueurs, il régnait un joyeux chaos, où chacun devait partir à la rencontre de l’autre. Il était impossible de faire connaissance avec tout le monde, et donc les gens se sont naturellement rassemblés en une multitude de petits groupes relativement clos. Des partis politiques, des régiments, voire des milices. Les gens se retrouvaient, fédérés autour d’un projet, d’un thème commun, qui pouvait plus ou moins varier selon les groupes.

Ce communautarisme avait l’avantage de permettre la formation de petits groupes soudés, où chacun avait sa place, et permettait de comtempler le chaos ambiant avec un air serein.

Cependant le temps a passé. Et maintenant, tous ces joueurs ont eu le temps de faire connaissance avec les nombreuses personnes de la communauté. Et petit à petit, tous ces noyaux communautaires ont éclaté (par pression osmotique si vous voulez). Autrefois grumeleuse et consistante, la communauté se transforme lentement en une soupe liquide instable. Tout le monde connaît tout le monde.

Les partis, les régiments, tout ça ne veut plus rien dire. Ils sont les reliques d’un autre temps. Comment décemment s’opposer à quelqu’un lors d’un débat politique, alors que la personne en question discute de tout et de rien avec vous régulièrement ? Comment décemment troller un compagnon d’armes sur une idée politique ? Comment peut on avoir deux allégeances morales, en sachant pertinemment qu’elles peuvent entrer en conflit direct ? J’ai été dans le même régiment que O_Neill durant son aventure présidentielle, j’ai été moi même confronté à ce dilemme.

Les gens tendent à se rapprocher les uns des autres, et sont retenus par des structures psycho rigides inutiles. Les mieux intégrés dans la communauté globale sont souvent ceux qui ont su se détacher du carcan étroit des partis politiques. Regardez un instant flasckq et maloune, leur exemple est éloquent. Et les gens qui se contentent de leur régiment se meurent à petit feu, sans qu’ils se rendent compte eux même de leur état. C’est, à mon avis, la principale raison de la diminution des effectifs de l’armée. Les milices proposent un effectif plus grand (donc plus de connaissances), et une perméabilité impossible à retrouver à l’armée : un milicien ne reste pas uniquement avec sa milice, et discute allègrement avec “la communauté globale”. L’armée est repliée sur elle même dans un lent mouvement d’auto destruction.

En connaissant tout le monde, les rancoeurs personnelles ont lentement mûri, et c’est avec ces replis communautaristes que ces rancoeurs fermentent lentement. Et maintenant elles pourrissent la communauté. Quand quelqu’un dit quelque chose, tout le monde a déjà un avis personnel sur la personne en question.

Libérez vous ! Libérez vous, et ouvrez vous à la communauté globale ! Je fais juste remarquer qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, notre vie elle même nous pousse vers une communauté globale. Il est fini le temps où on passait notre vie avec les trois mêmes copains. Place à la mondialisation des esprits ! Et à défaut du monde, commencer avec notre voisin est déjà un début.

Une conception de la politique dépassée

Le sectarisme politique qui règne actuellement est dépassé. Les partis se ressemblent tous idéologiquement. Leur seule différence réside maintenant dans ses membres, et leur état d’esprit. Les partis ressemblent maintenant plus à des clubs de gentlemen anglais qu’à des institutions politiques, et ceux qui pensent le contraire sont de doux rêveurs utopistes et idéalistes. Et ce modèle est en ce moment même en train d’éclater, de par les liens qui se tissent entre les personnes d’horizons différents.

Le concept même de politique a disparu. Qu’est la politique aujourd’hui ? Une bête lutte d’influence pour occuper les hautes sphères du pouvoir ? Personne n’a jamais pris de décision ou engagé de réforme idéologique et décisive en étant envers et contre tous. Les réformes actuelles sont une succession de consensus. Seul Koratos a réussi à prendre une décision envers et contre tous, mais là c’était plus une opinion personnelle, et on entre plus dans la persuasion que dans la conviction. La raison n’était foncièrement pas l’invitée de l’histoire.

Nous devons tenter quelque chose de nouveau. Dissolvons tous les partis ! Vive le parti unique ! Tout se passerait sur le forum et tout le monde s’en porterais mieux. C’est un modèle qui a fait ses preuves, on le connaît sous le doux nom de théocratie. Plus de préjugés sur les partis, plus de communautarisme débile et néfaste. Il faut oser, et briser l’éternel cycle du “c’était mieux avant”. Je passe pour l’utopiste de service en disant ça, et bien tant pis, soit.

Recréons cet esprit pionnier !
Donnons nous les moyens de nos ambitions !
Inventons quelque chose de nouveau !

Edit : Ca y est j'ai plus de votes qu'XLV, continuez comme ça !
Edit 2 : Je viens de dépasser le JO, c'est bon ça !
Edit 3 : 100 votes \o/