[Résistance] La résistance se met en place # 1

Day 2,952, 14:02 Published in France France by YATANGAKI

Le vent soufflait dans mes cheveux graissés par la transpiration et le sang. Une mèche trop longue venait me titiller le bout du nez pendant que des rats dans les gravats venaient vérifier que la putréfaction de mon corps avait bien commencé. C’est d’ailleurs l’odeur de cadavre provenant de mes anciens camarades qui me fit me réveiller.


C’est dans les décombres d’un bâtiment certainement soufflé par une explosion que je me réveillais, le ciel était d’un bleu éclatant, sans aucun nuage pour le contrarier. J’étais couverts de gravats, avant même d’essayer de bouger, je faisais marcher mon cerveau à plein régime pour savoir si j’étais blessé. Enfin, je me relevais pour contempler mon uniforme déchiré en bien des parts. Tout doucement, je déplaçais les quelques cailloux plus gros qu’un poing encore sur mon corps, puis je me mis sur mes deux jambes.
C’est en contemplant les lieux que je puis saisir l’horreur de ce qui s’était passé. Toute la garnison y était passée, certains de mes amis étaient coupés en deux, et servaient par la même occasion de panier repas aux quelques rongeurs qui étaient là.

Il semblait clair que nous étions en guerre, mais contre qui ? Je ne pouvais m’en souvenir, mais le fait est que l’ennemi n’avait aucune pitié. Près des restes d’Alexandre, le chef de notre groupe gisait un fusil dont la guillotine était rouillée par le sang. Je lui fis les poches, afin de récupérer les quelques cartouches non utilisées qu’il avait, et un semblant de pain sec pas encore attaqué par les parasites. Puis, je mis le fusil dans mon dos, m’assurant qu’il soit bien équilibré.
En sortant des ruines, je pris conscience que c’est toute la ville qui était dans l’état de la maison. La rue à peine pavée était jonchée de corps et de débris. La plupart des maisons étaient éventrées, ou avaient souffert d’un incendie. Là où la suie n’avait pas remplacé la couleur d’origine, on pouvait deviner des peintures chaleureuses similaires à celles de la méditerranée.

Ca faisait maintenant quinze bonnes minutes que je marchais. Je finis par arriver sur une place avec une fontaine, qui elle n’avait pas souffert du carnage qu’avait subi la ville. Je m’y précipitais afin de me désaltérer et de me rincer un peu, l’odeur du souffre et du sang mélangées étaient loin d’être agréables. Ce bain dans une eau à température ambiante me permit de reposer mes membres endoloris. Jusqu’à ce qu’une plaque en bronze attire mon attention.
Elle indiquait la Place des orfèvres ou lloc dels orfebres . C’est la seconde indication qui attirait mon attention, j’étais bien en France, mais dans une région avec une langue régionale. Elle m’était familière mais je n’arrivais pas à mettre la main dessus. Peut-être de l’occitan, ou du catalan. Je sortis de la fontaine puis enfilais mon uniforme. La douce brise combinée à mon corps encore humide était agréable. Pourtant, mon uniforme souillé par le sang et les fluides corporels était tout sauf agréable, c’est dans cette optique que je me mis à la recherche de vêtements propres.

Au bout d’une heure de vagabondage, j’entendis au loin des éclats de voix, des rires. Fou de joie, j’essayais de les localiser. Pourtant, plus j’approchais de ces gens, plus les rires semblaient déments. Jusqu’au point où je commençais à me méfier. J’étais maintenant assez près de ces hommes pour pouvoir entendre leurs discussions.

- Tu l’as vue celle-là quand elle implorait que j’épargne son fils ? De la graine de résistant. Je lui enfourné mon canon dans la bouche et j’ai repeint les murs avec sa cervelle. Picasso peut aller se recoucher avec son Guernica.
- Ahahahah, t’es con. Et finalement, t’en as fait quoi d’elle ? Ton quatre heures ?
- J’voulais bien, elle avait un corps pas trop mal la donzelle, mais trop braillarde, je lui aie fendue le crane en deux avec la crosse du fusil, j’ai récupéré les bijoux et les dents en or.
- T’as bien raison, ils l’emporteront pas en enfer.

Maintenant que j’entendais ce qu’ils disaient, il était clair pour moi qu’on n’était pas du même camp. Ils semblaient dangereux, stupides et cruels. Je reculais, essayant de ne pas faire de bruit. Mais la tâche était trop ardue une porte sortie de ses gonds me fit trébucher, ma gourde sur le sol fit tout un tintamarre. Provoquant un silence de mort, alors que quelques secondes plus tôt fusaient des rires gras.

De l’autre côté de la rue, la réaction ne se fit pas attendre.
- T’as entendu ça ?
- J’espère que c’est une gamine qu’on a oublié de faire taire.
- Aaah, moi aussi, j’ai des besoins à assouvir.

Ils surgirent près de l’endroit où je siégeais quelques instants plus tôt. Bougeant quelques gravats ci et là, retournant les quelques corps qui couvraient les pavés. Au bout de quelques minutes d’intenses efforts, ils abandonnèrent.

- Ça devait être un putain de chien errant.
- Tant pis pour mes besoins, j’espère qu’ils auront des nouvelles filles de joie au QG de l’Armée Impériale.
- T’inquiète pas pour ça, ils en acheminent tous les jours des nouvelles de toute la France.
- D’ailleurs, on en a fini de Perpignan, la ville est plus morte que l’ancien régime.

Leur discussion graveleuse prit fin ici, puis ils rebroussèrent chemin jusqu’à leur premier emplacement.
Bénissant leur idiotie, qui fit qu’ils n’ont même pas pris la peine de vérifier le muret derrière lequel je m’étais caché, je pris le risque de jeter un œil. Un uniforme tricolore, aux couleurs de la France. En opposition au mien rouge et noir. Que s’était il passé pour que je me batte contre mon pays ? Et qu'est-ce que cette armée impériale ? Je ne le saurais que plus tard.



Salut, c'est mon histoire RP qui tiendra en plusieurs épisodes. Je sais pas si ça plaira ou pas. Mais qui ne tente rien n'a rien.