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Bonjour, je vous présente la rubrique QuickRead dont le principe est simple. Un texte rapide et inachevé, à lire, susceptible d'évoquer des émotions ou de laisser libre court à votre imagination. Il y aura plusieurs textes de ce type par la suite. Bonne lecture !



Une main.
Ma main.
Tendue vers moi avec en son centre une pilule blanche où pouvaient se lire quelques chiffres. J’avais beau l’avoir en main et l’observer, je ne trouvais aucun souvenir auquel m’accrocher.
Pourquoi dois-je la prendre ? Je suis malade ?

Mes yeux parcouraient les murs de l’appartement avec l’impression désagréable d’être chez quelqu’un d’autre. Pourtant, il y avait une photo de moi, aux côtés d’une fille, sur la table de chevet. Je ne peux pas me souvenir de ma chambre, de ma maison.
Serait-ce ma chambre ?

Machinalement, et dans ce brouillard intérieur, je portai la pilule à mes lèvres, puis le verre d’eau que je tenais dans l’autre main. Il fallait en venir à l’évidence, j’étais malade. Quelques souvenirs me revenaient lentement après ce geste, un souvenir flou du médecin qui m’avait annoncé un verdict effrayant : Tumeur cérébrale.
Suis-je en train de mourir ?

— Comment se déroule votre nouveau traitement monsieur Doulscher ? me surprit une voix à mes côtés. Je ne me souvenais pas l’avoir vu entrer et cette femme m’était inconnue. Ma peur exigeait que je lui demande qui elle était, mais ma raison me rappelait à l’ordre. Elle parlait de traitement, ce devait donc être une personne du corps médical. Pourtant, je n’étais pas dans un hôpital.
Doulscher, Raphael Doulscher… C’est mon nom.

Je savais qui j'étais, je savais où j'étais, vint alors la troisième question existentielle... Quel jour étions-nous ? Car le soleil et le ciel bleu qui filtrait par la fenêtre m'indiquaient un temps magnifique et radieux, quelque chose d'exceptionnel en Novembre. Mes souvenirs me situaient un mois avant les fêtes de fin d’année, les piaillements d’oiseaux me mettent dans l’erreur. Je détournais alors la tête vers l'infirmière qui me regardait avec des yeux inquiets.
— Quel jour sommes-nous ? demandai-je.
— Mardi, monsieur Doulscher, le jour de ma visite. Répondait-elle en rajustant les draps du lit. Mais Raphael ne voulait pas y rester et il extirpa ses jambes pour les poser au sol. Faible, il tomba genoux à terre sous le regard inquiet de l’infirmière qui voulut immédiatement l’aider à se relever.
— Quel mois ? Questionna-t-il sèchement avant de se répéter devant les yeux ahuris de l’infirmière. Quels mois on est ?!
Elle lui répondit le mois de Mai, mais l’afflux d’information le dépassait, les souvenirs faisaient surface avec douleur. Six mois s’étaient écoulés. Pourquoi ? Comment ? Comment allait sa femme ? Où était-elle ? Sa tête tournait et ses jambes ne le maintenaient pas.
— Madame ! s’exclama l’infirmière
Du bruit se fit entendre dans la pièce d’à côté, et alors que Raphael s’inquiétait de sa vie sentimentale, celle-ci débarqua à grand fracas dans la chambre. Jessica, sa femme, n’avait pas changé, elle était toujours aussi énergique. (Certains auraient dit chiante)
— Non mais ça va pas la tête de nous faire des frayeurs pareilles ?! Retourne dans ton lit, tu viens à peine de changer de traitement !
— Jess, s'il te plait... C'est quoi cette histoire de traitement ? Souffla Raphael dans une incompréhension totale.  
— Comment ça c'est quoi ? C'est juste la seule et unique bonne nouvelle qui nous est arrivée depuis six mois ! Ces abrutis n'avaient même pas réalisé qu'il s'agissait en fait d'une malformation cérébrale... Du coup faut tout réparer !
— Non Jess, je voulais dire... Qu'est-ce qu'il s'est passé durant ces six mois ?

Les traits du visage de la jeune femme semblèrent soudainement se renforcer, comme si intérieurement elle bouillait. Ce visage, il le connaissait, elle le portait lorsqu’elle refusait de le croire. Toutefois, celui de Raphael était différent. L'homme qu'elle avait subi durant six mois avait disparu et celui qu'elle aimait venait de revenir. Toute la nervosité et l'anxiété qui l'habitait disparurent et elle ne put que fondre en larme en le prenant dans ses bras. Pour elle, c'est toute l'intensité et la douleur de ces derniers mois qui s'évaporaient au point qu'elle n’oublie ce que signifiait la question de Raphael. Car si pour elle, ces mois furent un véritable enfer, pour lui cela ne représente qu'une zone sombre et méconnue de sa mémoire. Comme si l'ensemble de ses souvenirs lui avaient été subitement arrachés dans la nuit.  
 
Deux jours plus tard, face à l'affreuse réalité, Raphael se rendit compte de ce que six mois peuvent représenter. Les photos, les mots, de très nombreuses traces lui permirent de revoir les souvenirs qui étaient encore ensevelis dans son esprit. Le cancer qu'on lui avait diagnostiqué n'en était pas un, il n'allait pas encore mourir. Mais de toute évidence le traitement auquel il avait été soumis pendant 6 mois a provoqué un effet secondaire rare... Il vivait, il agissait, il répondait. Mais ce n'était pas lui. Le neurologue lui avait expliqué que son corps et son esprit agissaient d'eux-mêmes par des réflexes conditionnés, une forme extrême de dissociation d'identité. Tout ça suite à une erreur médicale... Mais le problème n'était pas là.  
 
Le problème, c'était la réalité.  
En feuilletant son courrier et ses mails, il a découvert une personne qu'il ne connaissait pas. Une personne avec qui il semblait avoir énormément parlé. Un véritable ami dont il ne pouvait trouver aucun souvenir. Son traitement l’avait-il réellement rendu absent ou bien avait-il simplement vécu différemment ? Il ne restait que Jessica pour répondre à ses questions, et lorsqu’il abordait le sujet de Pierre, cet ami inconnu, le regard de sa femme s’assombrissait. Tout aurait pu en rester là si Raphael ne ressentait pas intérieurement un sentiment puissant qui demandait à refaire surface, un sentiment qui le poussa à chercher plus loin.  
 
Assez loin pour que, dans l'incompréhension la plus totale, il découvre Pierre dans le cimetière St-Martin. Pour la première fois, il pouvait voir ce visage, le visage d'un homme qui déchirait le coeur de Raphael ainsi que celui de Jessica. Il n’avait aucun mot, aucun souvenir, mais un torrent d’émotions pour seule explication.






Hello, I present the topic QuickRead whose principle is simple. Fast and unfinished text to read, might evoke emotions or give free wil to your imagination. There will be several pieces of this type in the future. Happy reading!
P.S. : kinda hard to make a good translate from french to english. The english literacy syntaxis may have been different. I'll maybe ask my girlfriend for the next texts.


A hand.
My hand.
Tense to me, a white pill within its palm on which I could read some numbers. Though I have it in hand and watch it, I could not find any memory to hang on.
Why do I take it? Am I sick?

My eyes roamed the walls of the apartment with the uncomfortable feeling of being in someone's else. Yet there was a picture of me next to a girl on the bedside table. I can't remember of my room, nor my house.
Could it be my room?

Mechanically, in this inner fog, I raised the pill to my lips and the glass of water I was holding in my other hand. He had come to the obvious, I was sick. Some memories slowly came back to me after this gesture, a fuzzy memory of the doctor who had told me a scary verdict: Brain tumor .
Am I dying?

— How is your new treatment Mr Doulscher ? surprised me a voice at my side. I do not remember seeing her enter and this woman was unknown to me. My fear demanded to ask who it was, but my reason calmed it. She spoke of treatment, had to be someone from the medical profession. Still, I was not in a hospital.
Doulscher, Raphael Doulscher ... That's my name.

I knew who I was, I knew where I was, then came the third existential question ... What day were we? For the sun and the blue sky that filtered through the window showed me a beautiful, sunny weather, something exceptional in November. My last memories were for me a month before the year-end holiday season, bird squawking are proving my mistake. I turned my head to the nurse, she looked at me with worried eyes.
— What day is it? I asked.
— Tuesday, Mr. Doulscher the day of my visit. She replied, adjusting the bed sheets. But Raphael did not want to stay there and he pulled out his legs to touch the ground. Weak knees, he fell to the ground under the worried look of the nurse who immediately wanted to help him up.
— What month? He inquired dryly, repeating the question toward the bewildered eyes of the nurse. What month is it?
She answered the month of May.This answer made Raphael dizzy, exceeded by inflow of information, memories surfaced with pain. Six months has passed. Why? How? How was his wife? Where was she? His head was spinning and his legs did not maintain him anymore.
— Mrs! exclaimed the nurse
The noise was heard in the next room, and as Raphael was concerned about his love life, she came into the room with a raging face. Jessica, his wife, had not changed, she was still strong . (Some would say hysteric)
— Can't you stop to scare us like that ? Go back to your bed, you've just swapped treatment!
— Jess, please, tell me... What is this story of treatment? Breathed Raphael in a complete misunderstanding.
— What story ? It's just the best news which came to us in six months! These medic morons had not even realized it was actually a brain malformation ... So we must fix everything!
— Jess No, I mean ... What happened during those six months?

The facial of the young woman seemed suddenly to strengthen, as if it was boiling inside. This face, he knew , she woreit when she refuse to believe someone. However, Raphael looked different. The man she had suffered for six months was gone and the man she loved had just returned. Any nervousness and anxiety that inhabited disappeared and she could only burst into tears, taking him in his arms. For her, it's all the intensity and pain of the last few months that evaporated to the point that she forgets what it meant to the question of Raphael. Because if for her these months were a living hell, for him this is only a dark and unknown area in his memory. As if all his memories were suddenly snatched him in the night.

Two days later, faced with the awful reality Raphael realized what six months may represent. Photos, words, numerous traces enabled him to see the memories were still buried in his mind. Cancer that was diagnosed was not one he was not going to die. But obviously the treatment he had been subjected for 6 months caused a rare side effect ... He lived, he was, he replied. But it was not him. The neurologist had explained that his body and mind were acting for themselves by conditioned reflexes, an extreme form of identity dissociation. All this after a medical error ... But the problem was not there.

The problem was the reality.
Leafing through his mail and his emails, he found someone he did not know. A person with whom he seemed to have spoken a lot. A true friend he could find no memory. His treatment had he actually made absent or had he just lived differently? There were only Jessica to answer his questions, and when he approached the subject of Peter, this unknown friend, the gaze of his wife darkened. Everything could have stopped there if Raphael did not inwardly felt a strong sense that asked to resurface, a feeling that prompted him to look further.

Far enough that, in the most total incomprehension, he discovered Pierre in the St. Martin cemetery. For the first time, he could see that face, the face of a man who tore the heart of Raphael and that of Jessica. There was no word, no memory, but emotions only explanation torrent.