[FR/EN] Il fait toujours beau au dessus des nuages

Day 2,137, 09:42 Published in France France by SPQN


[FR]

Quoi de plus anonyme et codifié qu'un aéroport ? Ah oui, un autre aéroport.
En ce début Novembre je me retrouvais avec une foule d'autres voyageurs dans la zone neutre de Milano Malpensa, à luter contre l'ennui et le sommeil en attendant ma correspondance pour Amsterdam.



Les zones neutres portent en elle ce petit détail purement conceptuel, qui fait que le temps d'une escale, vous êtes bien en Italie, mais pas vraiment. Schizophrénie administrative. On se retrouve pendent un fragment de vie avec des gens, qui d'où qu'ils viennent ne sont là que de passage tout comme vous. Tout est temporaire, et aussi factice que le sourire du personnel navigant, un énorme office du tourisme croisé d'une ruche humaine.

Au coin restauration rapide il ne peut y avoir ni burger ni jambon-beurre, forcement. Je commence à m'amuser des clichés. Le soda italien n'étant pas une spécialité locale, la petite bouteille de Pepsi qui décorait mon plateau était flanquée d'une part de Pizza, et un café ristretto au fond de la tasse. Ah ce café, à ce niveau ce n'est plus du café mais de l'huille essentielle de café, et le sucrer serait un sacrilège. Ca tombe bien car n'en déplaise à la Pub d'une cafetière hors de prix … real coffee is just Black !



Ce « moment de convivialité » terminé, il me fallait rejoindre l'armée des fantômes sur les tapis roulants interminables, comme si on était sur les bandes roulantes des chaînes de montage de Boulogne Billiancourt du temps de la révolution industrielle … mais je m'égare. La météo n'aide pas non plus, gris, nuages épais, vent, l'office du tourisme à raté son coup là dessus. De toute façon on s'en va.

Parqués dans le Terminal d'embarquement on peut enfin voir les pistes, à défaut de voir un bout d'italie. Chouette, du béton, des avions et des gens qui travaillent autour comme sur la couverture d'une boite de « Légo Aéroport », et toujours ce ciel menaçant qui plombe un peu plus l'ambiance RER B International. Le soleil nîmois me manques, et ce temps de chien gâche le plaisir de se dire que l'on est virtuellement en Italie, avec d'autres gens de passage.

M'étant déjà fait tripoté par les agents de sécurité et ma valise entassée avec les autres quelque part dans une soute, j'embarque avec les autres zombis, sans un mot, presque ravi de quitter la grisaille milanaise. Une fois installé, et après que les hôtesses ait fini de danser la Macarena habituelle dans l'allée centrale pour nous rappeler où sont les sorties, l'Airbus file se mettre en bout de piste.

Par le hublot, je vois revois le terminal, les passerelles, les bagagistes et toujours ces nuages lourds qui m'ont gâché l'escale, autant que le festival de « tirage de gueule » des mas camarades involontaires. A peine le temps d'apercevoir la ville, San Siro et les montagnes, et nous voilà en plein dans les nuages, et allez savoir pourquoi une réplique du 5ème élément m'est venue : « Comment veulent t-ils que l'on voit quelque chose dans cet'purée ? »

Mais un moment magique allait tout changer !



A force de grimper, notre gros n'avion a fini par percer la dernière couche de purée grisâtre, et le soleil m'a claqué au visage sans prévenir. Nous étions tout à coup … ailleurs. Plus de grisaille, de pluie, de gens pressés ou questions, juste une sérénité toute céleste.
A perte de vue, il n'y avait qu'un tapis de coton blanc, baigné de soleil, un bleu sans tache et cette sensation quasi palpable que le temps vient de cesser sa course. Une sérénité rare emplissait à présent notre « bus des airs ». Pour me souvenir de cet instant j'ai sorti mon carnet noir qui ne me quittait jamais … pour écrire quelques mots depuis le paradis, là haut à 12km au dessus des boulevards.

Mon voisin de siège, que j'avais déjà croisé au « resto » de l'aéroport semble plus décontracté et souriant que tout à l'heure, en fait c'est tout l'appareil qui est comme gagné par la douceur de la lumière et le zen incomparable de l'instant.
Au final nous avons terminé le vol en discutant avec les gens autour, il y avait un artiste peintre, un militaire ou une femme un peu bizarre mais marrante … Dommage d'avoir perdu 3h à tourner en rond dans le Terminal 1 de Malpensa sans se parler, on n'aurait même pas remarqué « le dessous » des nuages !

Un jour je reviendrais, par une belle journée d'été ... et cette fois ci je sortirais de l'aéroport en me disant : Italia, ciao bella come stai ?

PS : A défaut de pouvoir prendre de la hauteur à tout moment, prenons au moins du recul par rapport aux choses et ne jugeons pas une journée, une phrase ou quelqu'un en fonction de la première impression, il suffit souvent d'un rien pour tout changer.


[EN]


What's more anonymous and codified than an airport ? Oh yeah, another airport.
In early November I found myself with a lot of other travelers in the neutral zone from Milan Malpensa struggling against boredom and sleep until my connection to Amsterdam.



Neutral zones are that small detail that make you feel like being in Italy, but not really. Administrative schizophrenia. We find ourselves hanging a piece of life with people who come from wherever they are just passing just like you. Everything is temporary, and as fake as the smile of the crew, a huge tourism office crossed with a human hive.

At the local fast food can be no burger or ham and butter, necessarily. I'm starting to have fun snapshots. As the Italian soda is not a local specialty, my small bottle of Pepsi that decorated my plate was flanked on the one hand of pizza, and a ristretto at the bottom of the coffee cup . Oh that coffee, at this level it is not coffee but essential drops of pure coffee, and putting sugar in it would be a sacrilege . That's good because no offense to the overpriced coffee machine advertising... real coffee is just Black!



This "friendly moment" finished, I had to join the army of ghosts on the endless treadmill, as if we were on the rolling bands assembly Boulogne Billiancourt during the time of the industrial revolution ... but I digress . The weather did not help, gray, thick clouds, wind, tourist information office goofed on that. Anyway, we was about to leave all that.

Parked in Terminal boarding can finally see the tracks but failing to see a piece of Italy. Oh nice, concrete, planes and people who work around like on the cover of a "Lego Airport" box, and still that threatening sky beating down a little more the general mood (as in the Paris subway on a Monday morning). I badly miss the sun, and feel quite sad about the weather and mates that waste me a little the pleasure to virtually be in Italy.

I was already fiddled with the security guards and my suitcase packed with others in a bunker somewhere, I embarked with other zombies, without a word, almost happy to leave Milan gloom. Once installed, and after the hostess had finished the usual Macarena dance to remind us where the exits are, the Airbus was ready to take off.

Through the window, I still can see the terminal, bridges, baggage handlers and that damn heavy clouds that ruined the call, as well as the festival "Draw mouth" of my involuntary comrades. Hardly time to see the city, San Siro and the mountains, and here we are right in the clouds, and who knows why a replica of the 5th element came to me : "How do they want us to see something with that crap ? "

But a magical moment changed everything !



As it keeps climbing, our plane finally broke through the last layer of mashed gray , and the sun smacked me in the face without warning. We were suddenly ... elsewhere. No more gray, rain, busy people or issues , just a heavenly serenity.

As far as the eyes can see, there was a carpet of white cotton, bathed in sunshine, spotless blue and the almost palpable feeling that the time comes to stop running. A rare serenity now filled our " air bus." To remember the moment I pulled out my black book that never left me ... to write some words from heaven, up there at 12km above the boulevards.

My seat neighbor, I had already met at the " restaurant " airport seems more relaxed and smiling, in fact the whole crowd on anonymous travelers from that flight was like braced by that zen moment. In the end we finished the flight chatting with people around, there was a painter, a soldier or a woman a little weird but funny ... Shame to us for having lost 3 hours to turn around in the Terminal 1 of Malpensa without speaking each others, we would not even notice "the grey bottom" of the clouds!

One day, i'll be back, on a bright sunny summer day ... step outside the airport, and shout :
Italia, ciao bella come stai ?

PS : Failing to gain height at any time, at least let's take a step back from things and not consider a day, a sentence or someone based on first impressions , it often does not take much out for change .

Cet article participe à la semaine de la Presse :
http://www.erepublik.com/en/article/-rf-jo-fin-de-la-campagne-en-espagne-2323521/1/20