[RĂ©cit] Notre dernier souffle.

Day 1,672, 04:35 Published in France France by Epnoz


Tout était prêt, je n’avais plus qu’à prendre le premier train qui m’amènerais jusqu’en Bretagne, là où était localisé ma base militaire. Après quelques heures de trajet, je mis pied à terre sur la région bretonne. J’entrai dans la base, et je revis mes camarades, mes amis.



Ils m’avaient d’abord félicité pour mon nouveau grade, ainsi que pour ma nouvelle promotion. J’étais heureux, et fier de les retrouver. Désormais, je savais ce qui m’attendait. Je croisais les gens de mon régiment, et je les saluais. Je les ai prévenus de la nouvelle, au cas où il ne le saurait pas. Je croisais également de jeunes nouveaux, qui avaient dû s’engager il y a pas longtemps. Ils avaient besoin de quelques conseils, alors je les aidais.

Durant les premiers jours passés à la base, je faisais des exercices de tirs, d’autres exercices pour le maniement des armes, des simulations de mission, des parcours du combattant. Je retrouvais là mon âme de soldat acharné. Tout se passa bien jusqu’à présent.



Mais ce jour du 17 Juin 2012 restera, à tous, dans nos mémoires. Ces derniers temps, avant le 17, on était plus fébrile que d’habitude. On sentait que les polaks faisaient une véritable percée dans notre territoire. Et on se doutait bien, qu’un jour ou l’autre, ils viendraient ici attaquer, en Bretagne. Alors forcément, il fallait s’y préparer. Et le 17 Juin, c’était le matin, on entendit l’alarme sonner. Elle servait à nous prévenir en cas d’intrusion d’ennemis sur notre région. Cette fois, les ennemis, c’était bien les Polonais.

En vitesse, on mit notre sac, la tenue déjà mise, on prit les armes et du ravitaillement. Et on était parti. On prit la route d’un village breton proche de la frontière. On nous avait alerté que c’est par ici que les Polonais ont frappé en premier. On arrivait sur place, et un tragique paysage nous faisait face : c’était celui des ruines, celui où le combat y laisse ses traces les plus sanguinaires. Le village s’était écroulé sous la force polonaise.



La bataille avait commencé, les polaks nous tiraient tous dessus. On avait constaté dès le début qu’il y avait beaucoup de soldats polonais qui ont été envoyé pour la guerre contre la France. Et nous, soldats français, nous étions de moins en moins, affaiblis, souffrant, perdus, la guerre contre la Pologne a emporté la vie de nombreux soldats du pays, et d’autres ressentaient vraiment la fatigue désormais de cette guerre terrible. La chance que j’avais, je n’avais pas vécu la guerre franco-polonaise du début jusqu’à la fin, mais je vais participer à la défense de ma patrie sur la terre bretonne. Une division de blindés polonais était arrivée sur les lieux, on se repliait. Je vis arriver les parachutistes américains et canadiens, et quelques soldats brésiliens, qui étaient venus en renfort avec des avions de chasse. Mais d’après ce qu’on disait, l’armée polonaise était constituée de serbes, de slovènes, et d’hongrois.

Les avions alliés détruisirent quelques blindés ennemis, mais tous les avions avaient été neutralisé quelques temps après. Nous n’avions plus beaucoup de force. Mon régiment me suivait. On allait vers l’est, on nous avait prévenus d’une possible percée d’une division d’infanterie polonaise, et il fallait empêcher leur progression. Je recevais les ordres du commandant et les dernières informations. On arrivait à l’est du village. De suite, les polaks frappaient fort. Le bruit des balles me résonnait dans la tête, comme un refrain très aiguë.



Il fallait rester concentré et déterminé, mais il y avait beaucoup trop de soldats ennemis face à nous. Je demandai alors du renfort, des unités supplémentaires à l’Est. Dès lors, on avait entamé une véritable bataille, mais on vit très vite qu’on ne résisterait pas bien longtemps. Notre front était fragile. Je vis des camarades tomber à terre, blessé ou mort. Je continuais à tirer de tous les sens, puis de plus en plus précisément. Ils commencèrent à employer une mitraillette contre nous, ce qui fit un incroyable ravage sinistre dans notre armée. Les corps s’écroulaient un à un.

Je m’étais mis derrière des barricades, à l’abri. Je fis signe aux quelques membres de mon régiment qui restaient de venir me rejoindre. J’en profitais pour donner une consigne. Je décidai que c’était trop dangereux de se montrer face à eux. Mais je leur dis qu’on resterait près de cette barricade, et qu’on se montrerait quelques secondes uniquement pour frapper sur les polonais. Ils obéissaient et tirèrent sur les ennemis. En attendant, le bruit des obus était persistent et se rajoutait au son des rafales de balles. On avait eu de la chance, un de leurs obus s’était écrasé pas très loin de notre cachette, mais sans dégât.



Je rechargeai mon fusil, et j’étais prêt à faire une petite rafale sur les ennemis. Je me mis à découvert, face à eux, et je tirais, tirais encore et encore, sans chercher à comprendre. J’avais vu deux ou trois serbes qui venaient vers notre cachette, et j’allais vers eux avec mon régiment. On leur tirait dessus, sans pitié, et on les acheva avec quelques coups de couteau. Je venais de faire un geste barbare, que jamais dans ma vie, je n’avais imaginé que je le ferais. Ca m’avait déstabilisé un moment, et ce moment-là était fatal.

Un polonais me tirait dessus, la balle avait atterri sur mon bras. Je tombai par terre, face aux ennemis, mes yeux les regardant, regardant leurs affreux visages de tyrans. Deux gars de mon régiment m’amenait et me traînait à l’abri de la bataille. J’étais très vite pris en charge par le médecin de l’armée. Ce n’était pas très grave comme blessure, il m’avait rassuré. De loin, je voyais tous les obus tomber, les cris des soldats, je les entendais, et le chant des polonais victorieux, je le vis résonner dans ma tête comme une horrible chanson frénétique.


A ce moment-là, j’entendis la voix du commandant à travers mon talkie walkie. « La bataille est finie, nous avons perdu, tout perdu, la Bretagne est désormais polonaise. Reprenez chemin vers la base militaire, à l’abri. Tout est fini… ».