#3 - Les symboles de la République Française - Le drapeau

Day 2,232, 10:24 Published in France France by Jehan de Ladernade
Les symboles de la République Française

Le drapeau


Trop peu de Français connaissent les symboles de notre pays, et plus encore n'ont aucune idée de leurs origines.

Je vous livre ici une présentation approfondie du drapeau actuel de la France, en passant les détails techniques qui ne diront rien à personne. Mes sources sont diverses mais j'ai tout écrit moi-même, et j'ai pris le soin de vérifier chaque information.

Bonne lecture !


Les origines de notre drapeau

La cocarde tricolore


Une cocarde tricolore.

Les couleurs du drapeau français actuel furent d'abord présentes sur la cocarde des révolutionnaires parisiens de 1789. Ils portaient alors une cocarde rouge et bleu, aux couleurs de la ville de Paris.
Le 17 Juillet 1789, Louis XVI est convoqué à l'Hôtel de ville de Paris par les Etats Généraux qui viennent d'élire un maire, Monsieur Bailly, ainsi que le Marquis de La Fayette à la tête de la Garde Nationale. Ce dernier a coiffé le roi de cette cocarde en ayant préalablement fait ajouter le blanc, couleur de la dynastie des Bourbons, et par élargissement de la Monarchie.

Il ne faut pas oublier que la Révolution avait pour but d'établir une monarchie constitutionnelle, et que Louis XVI ne devait pas, au départ, être déchu. La cocarde tricolore représentait alors l'alliance entre le peuple et le roi et devint le symbole du patriotisme.
Sous l'Empire, les couleurs de la cocarde étaient dans l'ordre et depuis le milieu disposées ainsi : bleu, rouge, puis le blanc à l'extérieur.
C'est en 1812 que le blanc et le rouge sont inversés, plaçant ainsi le rouge à l'extérieur, et le blanc au milieu.


Le drapeau tricolore


La Bataille du Nil, le 1er Août 1798 à 22 heure, de Thomas Luny, 1834.

C'est en 1790 qu'on utilise le drapeau tricolore pour la marine : navires de guerre et de commerce français arborent le pavillon à trois bandes bleue, blanche et rouge. C'est alors le rouge qui est près de la hampe, et la bande blanche est plus large que les autres.
Si les bandes sont placées verticalement, c'est uniquement parce que le drapeau hollandais présente les mêmes couleurs, mais horizontalement.


Le drapeau tricolore.

Le 27 pluviôse de l'an II, soit le 15 février 1794, le pavillon national prend sa forme définitive. "Formé des trois couleurs nationales, disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gauche du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs", ce drapeau flotte toujours aujourd'hui sur notre beau pays.

C'est le peintre Jacques-Louis David qui a dessiné le drapeau tricolore à la demande de la Convention et a placé le bleu à la hampe.

Le drapeau blanc


Le drapeau blanc fleurdelisé.

De 1814 à 1830, sous la Restauration, le drapeau tricolore est abandonné au profit du drapeau blanc. C'est lors des "Trois Glorieuses", les 17, 18 et 19 juillet 1830 que les républicains arborent le drapeau tricolore, signe d'insurrection et d'unité, de ralliement et de combat.
Louis-Philippe, duc d'Orléans, s'enveloppe du drapeau tricolore et apparaît en public avec la Fayette. Il succède à Charles X et accède au trône sous le titre de "roi des Français". Le drapeau tricolore est alors surmonté du coq gaulois.


Lamartine fait acclamer le drapeau tricolore le 25 février, estampe de Félix-Henri-Emmanuel Philippoteaux.

Le drapeau tricolore fut à plusieurs reprises menacé. le 25 février 1848, lors de la proclamation de la République, les insurgés réclament un drapeau entièrement rouge. Le drapeau tricolore fut sauvé par le poète Lamartine qui les convainc de le conserver.


Le logotype de la République Française, depuis 1999.

Les constitutions de 1946 et de 1958 (article 2) ont fait du drapeau tricolore l’emblème national de la République.
Visible sur les bâtiments publics, le drapeau français est aujourd'hui utilisé lors des commémorations nationales et a l'honneur d'un cérémonial très précis.

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Les origines des couleurs du drapeau

Le rouge


Les armoiries de Navarre.

Il ne faut pas oublier que les rois de France étaient "rois de France et de Navarre", entre autres titre.
Les armoiries de Navarre avaient pour fond la couleur rouge.


L'oriflamme, visible à Saint-Denis.

L'étendard de Saint Denis est crée par l'abbé Suger vers 1124 et prend le nom d’oriflamme en 1170.
Emportée à toutes les batailles par les rois de France, l'oriflamme de Charlemagne est arborée une dernière fois à la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415, qui voit les Anglais victorieux, puis en 1418 par l'abbé de Saint-Denis lors du conflit entre les Armagnacs et les Bourguignons.


La croix de Saint George

Depuis 1188, la Vraie Croix de Saint-Georges, vainqueur du Dragon, est arborée par les croisés Français. La croix rouge sur fond blanc devient ensuite un emblème commun aux croisés, et les Templiers s'en inspirent. Originalement réservée à la France, plusieurs villes s'approprient la Vraie Croix de Saint Georges.


Au matin de la bataille d'Azincourt, de Sir John Gilbert, 1884. L'oriflamme est visible à droite.

Lors de la guerre de Cent Ans, les gascons qui se rallient au Prince Noir,e chef des armées anglaises, arborent la Vraie Croix de Saint Georges.
En 1420, les Anglais s'emparent de Paris, de Saint-Denis et de son oriflamme. Le rouge de la croix de Saint Georges que portaient auparavant les Français est alors définitivement fixé comme la couleur de l'ennemi de la France.
Les rois de France conservent le "bleu de France"... Une nouvelle bannière est éphémèrement utilisée : la bannière de Saint Michel finira abandonnée dans le trésor de Saint Denis.


Le bleu


Vitrail de la cathédrale de Chartres.

Le bleu est la couleur du manteau de la Vierge et de la chape de Saint Martin. Cette relique possédée par les rois de France les amène, dès Clovis, à porter un manteau bleu.
Le "bleu de France" est omniprésent est l'azur représente alors la monarchie française.

Les couleurs de Paris font référence à Saint Martin, pour le bleu, et à Saint Denis, pour le rouge.

Le blanc


La croix de Saint Michel, ici sur fond bleu.

La croix blanche de Saint Michel sur fond bleu est utilisée lors des Croisades et, autour de 1300, par les chevaliers français. Lors de la Guerre de Cent Ans elle est arborée en opposition à celle de Saint George désormais portée par les Anglais. L'archange Saint Michel devient en 1418 le protecteur de la France, et sa bannière est éphémèrement utilisée avant d'être remise au trésor de Saint-Denis.

Du XVIIème siècle à 1790, la marine marchande française avait pour pavillon la croix de Saint Michel et trois fleurs de lys, au centre. Elle est dès 1757 le drapeau du Régiment du Roi, le plus important bataillon d'infanterie français.

Jusqu'à la Révolution la croix blanche de Saint Michel est le symbole des armées françaises, et est arborée par une grande partie des régiments sur différents fonds de couleur.


Henri IV à la bataille d'Arques, le panache blanc est bien visible.

Le blanc est la couleur traditionnellement associée à la monarchie française. Cela provient du panache blanc que portait Henri IV, qui décide d'adopter pour couleur de ralliement le blanc huguenot, protestant. Les successeurs de Henri IV minimisèrent l'importance de cette origine et donnèrent pour origines au "blanc de France" le blanc de la vierge Marie, sous la protection de laquelle Louis XIII plaça le royaume.

Le blanc, couleur militaire,fut réservé dès 1638 aux vaisseaux de guerre de la marine royale. Les galères battaient pavillon rouge, les marchands la croix de Saint Michel, l'"ancien pavillon de France". C'est cet ancien pavillon qui, via Samuel de Champlain, donna naissance au drapeau du Québec.

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La hampe du drapeau français est, sous les Empires, un aigle. Un lys sous les Restaurations, un coq gaulois sous la Monarchie de Juillet, puis un fer de lance sous la République.

Le drapeau tricolore peut se voir "chargé", notamment pour les armées françaises : l'ancre pour la marine, noms de régiments et devises pour l'armée de terre, etc.

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"Scène de Juillet 1830 » ou les drapeaux, Léon Cogniet, 1830. Le drapeau tricolore a été ajouté sur l'image.

Dans L'Aiglon, Edmond Rostand évoque le drapeau tricolore :

« ...Plein de sang dans le bas et de ciel dans le haut,
Puisque le bas trempa dans une horreur féconde,
Et que le haut baigna dans les espoirs du monde... »



Jehan de Ladernade.