[ePWT04] "United we stand, divided we fall..."

Day 1,464, 09:41 Published in Canada France by Dhelk




L'aréna devait être comble ce soir-là.

Je n'étais pas encore parvenu à l'intérieur que déjà la clameur des tribunes me parvenait. Les gens se massaient devant les portiques avec un enthousiasme déroutant. On me demanda mon billet. Je le sortis de ma poche et le tendis au guichetier.

Je me remémorai ce que m'avait dit mon contact au téléphone : "ne vous inquiétez pas, je vous ai pris l'emplacement à côté du mien. Et si vous parvenez tout de même à vous perdre, vous me reconnaitrez aisément". "Comment?" lui avais-je répondu. "Disons que nos sièges porteront un signe distinctif plutôt évocateur".

Et il avait raccroché.

L'homme me rendit mon ticket. "Zone Rouge A. Premium. Bon match".
Bien que la Pologne était aux portes du Canada, la ferveur de Montréal pour le hockey n'en avait en rien été affectée. Chacun des visages que je croisais n'exprimait ni peur, ni inquiétude. L'heure était à la fête.
Porté par le flot de la foule, je me faufilais dans les travées de l'aréna jusqu'à atteindre la zone qui m'avait été indiquée. Les allées étaient bondées. Tous les sièges étaient occupés. Je levais la tête vers le haut de la tribune. Deux sièges se détachaient des autres. Leur blancheur contrastaient avec la vive couleur rouge des autres. Un homme était assis sur l'un d'eux. Il me fit signe de le rejoindre.

Je montai alors les escaliers un à un. A mesure que je m'approchai de mon interlocuteur, je distinguai le dessin azur d'une fleur de lys sur le second siège blanc. J'arrivai à hauteur de mon contact. Christopher True, président de l'Union Nationale, me fit signe de m'asseoir.

"Pile à temps, Dhelk. Le match commence".



"La fleur de lys, dis-je. Très bon choix, je vous ai immédiatement repéré.

- Les symboles me plaisent. L'idée qu'une opinion puisse être incarnée dans son ensemble par une infime partie d'elle-même et qu'elle en devienne de ce fait immédiatement reconnaissable me fascine, m'expliqua-t-il en suivant attentivement ce qu'il se passait sur la glace.

- Le fait de choisir une arène de hockey pour mener notre entrevue en est un également?

- Tout à fait! répondit-il, tout sourire. L'ambiance qui règne durant ces matchs, mêlée d'extrême concurrence - parfois à la limite de l'affrontement - et de respect pour l'adversaire, illustre à merveille, je trouve, l'état d'esprit dans lequel se trouvait notre parti à ses plus grandes heures".

- Cela signifie-t-il que ce n'est plus le cas? Que votre parti a tourné la page de cette glorieuse époque"?

Ma question fit mouche. Il quitta la partie des yeux et me dévisagea.

"Pas exactement. L'Union Nationale a indéniablement perdu de sa superbe avec le temps. Divers facteurs sont bien entendu en cause. La déchéance du Nouveau Monde notamment. Beaucoup ont abandonné leur combat politique par manque d'intérêt général vis-à-vis de l'évolution du monde.

- Votre parti est donc dans une phase descendante"?

Il réfléchit.

"Plutôt de rebond. Nous avons connu une période très difficile suite à la saignée de nos effectifs. Dans le temps, il ne se passait pas une journée sans que l'Union Nationale ne soit évoquée dans la presse. En bien comme en mal, d'ailleurs, dit-il en riant. Mais les circonstances ont fait que le parti a vu son influence décroître. Aujourd'hui, bien que nous soyons dans une situation délicate, nous avons foi en l'avenir et la tendance générale est plutôt à l'optimisme.

- J'aurais justement une question à vous poser concernant cette décroissance de l'influence de votre parti sur la scène politique, mais avant, pouvez-vous justement exposer en détails son idéologie? En quoi se détache-t-il des autres formations politiques?

- L'Union Nationale est un parti unique. Unique dans ses fondements, unique dans son combat, unique dans son appréhension de la réalité. Il a été créé avec un but initial qui n'a jamais dévié : la défense des intérêts des canadiens francophones. Les tensions, les accroches, entre canadiens anglophones et francophones sont telles, que sans parti à eux, les francophones ne pourraient pas s'engager durablement en politique, ils n'auraient pas de place pour s'exprimer. Nous souhaitons leur offrir ce droit.

- Comment? Quelles sont les mesures prônées par l'Union Nationale?

- L'implication de tous les citoyens passe nécessairement par une communication à la portée de tous. C'est pourquoi nous promouvons notamment la traduction systématique de tous les écrits officiels en langue française bien évidemment dans le but de défendre les intérêts des canadiens francophones.

- Justement, cela va me permettre d'aborder ma fameuse question : ne pensez-vous pas que le francocentrisme de votre parti, qui a constitué sa grande force à son apogée, soit finalement à l'origine de son déclin?

- Il est vrai que c'est un raisonnement qui peut apparaître logique et légitime. Néanmoins, je vois plusieurs failles. D'abord, vous pouvez constater comme moi que malgré la mauvaise passe que l'Union Nationale a traversé, le parti n'a pas été dissout. Il est bel et bien présent et compte encore environ d'une centaine de membres. La vérité c'est que l'Union Nationale n'est pas uniquement un parti de convictions, c'est aussi un parti de nécessité. La cause que nous défendons est immuable, invariable. Les canadiens francophones nécessiteront toujours un prisme institutionnel qui leur permet de revendiquer ce à quoi ils aspirent et nous n'abdiquerons pas face à la difficulté.

- La nécessité de la présence politique de votre parti est, en effet, un atout considérable, mais n'est-ce pas également un frein à son expansion que de limiter vos revendications à la cause des canadiens francophones?

- Le nombre ne nous intéresse pas. Bien entendu, il est toujours flatteur pour un parti politique de voir que son nombre d'adhérents augmente, cela renforce la légitimité de son action, mais nous préférons sincèrement la qualité à la quantité. D'autre part, nous sommes un parti extrêmement ouvert sur l'extérieur. Peut-être sommes-nous très attachés à la défense des canadiens francophones, mais nous ne sommes pas pour autant renfermés sur nous même. Nous avons une tradition très forte d'entretien de discussions avec les autres pays du monde francophone. L'exemple du sommet Belgique-Canada-France-Suisse, qui s'était tenu il a quelques temps, illustre pour moi cette vocation internationale de l'Union Nationale. Pour autant, je dois l'admettre, nous n'axons pas en priorité notre réflexion sur l'économie et la défense. C'est un choix que nous assumons".

Montréal venait de marquer. Les gradins explosèrent. Une onde de joie dévala les tribunes.

"En votre qualité de congressiste expérimenté, et actuel membre du Congrès canadien, j'aimerais vous interpeller sur la récente rumeur qui fait état du départ du Canada de TERRA pour se diriger vers ONE. Confirmez-vous ou infirmez-vous cette rumeur?

- Je l'infirme, bien évidemment! Cette rumeur est fausse"!

Il s'empourpra.

"Le Canada n'est pas entré dans un processus de sortie d'alliance et, à l'heure actuelle, n'envisage absolument pas de changer de camp. Il ne s'agissait que d'une discussion tenue en partie privée au Congrès concernant l'arrivée rapide de ONE à nos frontières. Je pense que la majorité des Congrès de TERRA se sont interrogés quant à cette possibilité sans pour autant y donner suite. Soulever une question ne signifie pas nécessairement prendre part à ce qu'elle propose. A ce propos, la grande majorité du Congrès était opposé à cette suggestion et la personne qui a dévoilé et surtout répandu cette fausse information a été bannie du pays et se trouve actuellement aux Etats-Unis.

- Entendu. Ma dernière question portera sur la grande échéance des prochains jours : comment abordez-vous ces élections du Congrès et quelle importance y accordez-vous?

- Nous accordons une importance capitale au Congrès. Il est, après tout, l'organe politique central dans le Nouveau Monde et permet assurément de favoriser les projets communautaires, ce à quoi nous sommes profondément attachés. Pour autant, nous ne considérons pas les élections du Congrès comme une course interpartis à celui qui aura le plus de représentants dans l'hémicycle. Je vous l'ai dit, à l'Union Nationale, nous privilégions la qualité à la quantité. Nous considérons le grand vainqueur des élections comme celui qui a présenté les meilleurs candidats. C'est pourquoi nous sélectionnons nos candidats avec beaucoup de rigueur".

Il était temps de conclure.

"Merci beaucoup, Christopher. Je pense que nos lecteurs apprécieront la découverte de votre parti. Bonne chance pour les élections du Congrès et bonne fin de match".


Dhelk
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Par delà les frontières, et encore au-delà...










The Arena was packed this evening.

I had not reached the inside yet that the clamor already reached me from stands. People massed themselves in front of porticoes with a puzzling enthusiasm. We asked me for my bill. I took it out from my pocket and gave it to the counter clerk.

I remembered what my contact said on telephone : "do not worry, I took you the place next to mine. And if you succeed all the same in getting lost, you will be able to recognize me easily ". "How?" I had answered him. "Let us say that our seats will wear a rather suggestive distinguishing feature".

And he had hung up.

The man gave my ticket back. "Red Zone A. Premium. Good match ".
Although Poland was near Canada, the fervour of Montreal for the hockey had been not at all affected. Each of the faces that I crossed did not express either fear, or anxiety. The time was to partying.
Carried by the stream of the crowd, I walked in the spans of the Arena until reaching the zone which had been indicated to me. Paths were overcrowded. All the seats were occupied. I raised the head upward the stand. Two seats got loose from the others. Their whiteness contrasted with the deep red color of the others. A man sat on one of them. He made me a sign to join him.

I went up then staircases one by one. As I approached my interlocutor, I distinguished the azure drawing of a lily flower on the second white seat. I reached at the level of my contact. Christopher True, president of the Union Nationale, told me to sit down.

"Just in time, Dhelk. The match begins".



"The lily, I said. Very good choice, I have immediately spotted you".

"I like symbols. The idea that opinions can be entirely embodied by a small part of itself, and that she became instantly recognizable as such fascinates me", he told carefully following what happening on the ice.

"Choosing a hockey arena to conduct our interview is also one"?

"Absolutely!" he replied, smiling. "The atmosphere during the games, mixed with extreme competition - sometimes on the edge of the confrontation - and respect for the opponent, is a great example of, I think, the spirit in which was our party to its greatest hour."
"Does it mean that this is no longer the case? Your party has turned the page of its glorious time?"

My question hit home. His eyes got away from the match and he stared at me.

"Not exactly. The Union Nationale has certainly lost its luster over time. Various factors are obviously involved. Degeneration of the New World, in particular. Many gave up their political struggle because of a lack of interest toward the changing world."

"Your party is in a downturn, so?"

He mused.

"Rather in a rebounding phase. We had a very difficult period following the bleeding of our workforce. In time, it was not going a day without the Union National was mentioned in the press. Goodly or badly", he said, laughing. "But the circumstances were so that the party has seen its influence decline. Today, although we are in a difficult situation, we have faith in the future and the trend is rather for optimism."

"I would have just one more question for you about this decline of the influence of your party on the political scene, but first, can you just explain in details its ideology? Why your party is it apart from the others?"

"The Union Nationale is unique. Unique in its foundations, unique in its struggle, unique in its apprehension of reality. It was created with an initial goal that has never deviated : the interests of French-speaking Canadians. Tensions, hooks, between English-speaking and French-speaking Canadians are such that if they have no party for them, the French-speakers could not engage themselves sustainably in Politics, they would not have the means to express themselves. We want to give them that right."

"How? What are the measures advocated by the Union Nationale?

"The involvement of all citizens necessarily requires a communication that can be understood by everyone. That's why we promote a systematic translation of all official writings in French, of course in order to defend the interests of French-speaking Canadians."

"This will enable me to address my famous question : don't you think that the fact that your party mainly focuses on French-speakers, which has been his great strength at its peak, finally led to its decline?"

"It is true that this reasoning may seem logical and legitimate. However, I see several flaws. First, you may find like me that despite the rough patch that went through the Union Nationale, the party has not been dissolved. It is alive and has about a hundred members. The truth is that the Union Nationale is not just a belief, it is also a necessary party. The cause that we defend is immutable, unchanging. French-speaking Canadians will always require an institutional entity that allows them to claim what they want and we will not abdicate in face of difficulty."

"The need of the political presence is indeed a great asset, but don't you think it is also a hindrance to its expansion to limit your claims to the cause of French-speaking Canadians?"

"We are not interested in number. Of course, it is always flattering for a political party to see that the number of its members increases, it reinforces the legitimacy of his action, but we sincerely prefer quality over quantity. On the other hand, we are very open on the outside. Perhaps we are very committed to the defense of French-speaking Canadians, but we are not closed in our thoughts. We have a very strong tradition of maintaining discussions with other countries of the Francophone world. The example of Belgium-Canada-France-Switzerland summit, held for a while, shows for me this international vocation of the Union Nationale. However, I must admit, we do not primarily axe our thinking about the economy and defense. It's a choice we take."

Montreal scored. The stands exploded. A wave of joy ran down the stands.

"In your capacity as an experienced Congressman, and current member of the Canadian Congress, I want to highlight the recent rumor reporting the departure of Canada from TERRA to ONE. Can you confirm or deny this rumor?"

"I deny it, of course! This rumor is false! "

He flushed.

"Canada did not enter in an output process of alliance and, at the present time, we did not plan to change our side. It was only a discussion held in private in Congress about the quick ONE arrival at our borders. I think the majority of terrans Congress questioned about this possibility but did not act on it. Raise an issue does not necessarily mean to take part in what it offers. In this regard, the vast majority of Congress was opposed to this suggestion and the person who revealed and above all widespread this false information was banned from the country and is currently in the United States."

"All right. My last question is about the big deadline coming in the next few days : how do you approach the Congress elections and how important is it for you?"

"We attach importance to the Congress. It is, after all, the central political body in the New World and can certainly support community projects, to which we are deeply attached. However, we do not consider the Congress elections as an inter-party race to who will have the most representatives in the Chamber. As I said, at the Union Nationale, we focus on quality over quantity. We consider the winner of the elections like the one that present the best candidates. That's why we select our candidates with a great rigor."

It was time to conclude.

"Thank you, Christopher. I think our readers will enjoy discovering your party. Good luck with the Congress elections and have a good match."


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