Tribune au Honey Badger ou Ratel en bon Français

Day 3,594, 03:34 Published in France Canada by Utat
Le ratel, terreur des savanes tabarnak !!!

A peine plus gros qu’un chat, il tient tête aux lions, attaque des buffles et dévore des serpents venimeux.
«Le ratel n’en a strictement rien à foutre.» Ainsi parla Randall, internaute qui a propulsé le ratel sur le devant de la scène médiatique grâce à une vidéo détournée présentant le curieux mammifère et vue plus de 80 millions de fois sur YouTube. Devenue un «mème», la phrase (que l’on peut trouver sur des t-shirts vendus sur le Web) résume parfaitement l’essence du premier dur à cuire de notre série. Des lions, des venins, des pièges… de tout cela, le ratel n’en a rien à foutre.



Avec une quinzaine de kilos tout mouillés, ce cousin éloigné du blaireau ne paie pourtant pas de mine, comparé aux cadors de la savane africaine, milieu qu’il peuple en plus de l’Inde et de la péninsule Arabique. Mais derrière ce petit mammifère presque mignon se cache une terreur dont vous feriez bien de vous méfier. Pour preuve, à son menu figurent plus de 60 espèces animales, pour la seule zone géographique du désert africain du Kalahari.



Mangeur de miel

Il y a d’abord les larves d’insectes dont il raffole. On le voit régulièrement le nez fourré dans une ruche, occupé à aspirer comme un gougnafier le miel et les larves des abeilles. C’est de là que vient d’ailleurs ses divers noms, Mellivora capensis («mangeur de miel du Cap»), «honey badger», ou blaireau à miel. Notez que le ratel n’a rien à foutre des piqûres des abeilles. Sans y être immunisé, il y semble en grande partie insensible, probablement «parce que sa peau est tellement épaisse que les dards ne parviennent pas jusqu’aux vaisseaux sanguins», dit Manuel Ruedi, conservateur au Département mammifères du Musée d’histoire naturelle à Genève. Fait notable, l’indicateur est un oiseau, qui lui montre où sont les ruches et qui profite ainsi d’une manne de miel inespérée. «C’est un des seuls exemples de mutualisme entre un mammifère et un oiseau», précise le spécialiste, visiblement effrayé.

Pendant qu’on y est, sachez que notre ratel se fout aussi complètement des serpents, même venimeux, qu’il ajoute à son menu. Un documentaire de la National Geographic le montre ainsi en train d’attaquer et de manger une imposante vipère heurtante.



Durant le combat, ce ratel se fait mordre par le serpent venimeux dont le venin, injecté en quantité suffisante, peut terrasser un homme adulte. Logiquement, le ratel mord la poussière et gît sur le sable, mort. Ou presque, puisque deux heures plus tard, l’increvable mammifère se relève comme si de rien n’était et achève son repas.


Reverse Ratel

A ce stade de la lecture, vous devez vous demander ce qui peut bien arrêter cette furie des savanes. A l’aide, lions et léopards! Navré, mais le ratel n’en a rien à foutre non plus. Pensez-vous, il les attaque même frontalement. Une récente vidéo en montre un faisant face à six lionnes. Pas impressionné pour deux sous, le ratel déboule allègrement dans leurs pattes et entame le combat. Comme face aux dards des abeilles et aux crocs des serpents, le ratel compte sur sa peau très épaisse pour empêcher crocs et griffes de se planter dans sa chair. Attrapé par un fauve, il se roule en boule, attend patiemment et se retourne en un éclair pour lacérer la face des félins.



Le ratel n’a que faire de la défense, pour lui seule l’attaque compte. Et ça marche. Même si son but n’est pas initialement de vaincre les lionnes, son tempérament agressif lui permet de semer le doute dans l’esprit de ses prédateurs et de gagner du temps pour fuir. A ce sujet, le ratel est d’ailleurs un des seuls mammifères capables de courir en arrière, ce qui lui permet de ne pas tourner le dos à ses agresseurs.


Ratel Houdini

Que faire d’un animal aussi dangereux? L’enfermer, bien entendu. Grave erreur! Car le ratel est doté d’une intelligence hors du commun compte tenu du volume de son cerveau. Un documentaire de la BBC relate une histoire étonnante à ce sujet. Enfermé dans un enclos du Parc national Kruger en Afrique du Sud, un ratel nommé Stoffel a pu s’échapper à maintes reprises.

Son propriétaire explique avoir enfermé Stoffel dans un enclos. Mais le ratel n’en a rien eu à foutre et a simplement ouvert le verrou pendant que sa compagne poussait la porte. Bryan tenait cependant à garder Stoffel derrière les verrous, et on le comprend, ce dernier étant apiculteur. S’ensuit donc une insoutenable guerre des nerfs.



«Je dirais qu’il s’agit plus d’adaptabilité que d’intelligence»

Bryan a construit un mur en ciment à la place du grillage. Le lendemain, Stoffel – depuis surnommé Houdini par ses fans – s’était fait la malle en se suspendant aux branches des arbres poussant dans l’enclos. Qu’à cela ne tienne, Bryan décide alors de couper toutes les branches. Réponse du berger à la bergère, Stoffel, n’en ayant probablement rien à foutre, a calé un râteau – oui, un râteau – contre le mur pour l’escalader. En bon cartésien, Bryan supprime donc le râteau. Mais Stoffel se fabrique alors un escalier de fortune avec des pierres. Bof, Bryan se débarrasse des pierres. Sauf que Stoffel s’en fout, il fabrique des boules de boues qui une fois séchées, font office d’escalier…

«Je dirais qu’il s’agit plus d’adaptabilité que d’intelligence», nuance Manuel Ruedi qui prévient des risques d’anthropomorphisme. Et l’homme dans tout ça? Il ne figure pas sur la liste des ennemis du ratel, et heureusement. «En Inde, les chasseurs le craignent au même titre que l’ours», raconte le zoologiste. Il ne tue pas, mais n’a pas peur de l’homme pour autant. Rien à foutre, on vous dit.