L'invasion

Day 4,063, 02:48 Published in France Brazil by Guanaraba


L'invasion

Il faisait un froid glacial dans la rue, pas un bruit, pas un homme ni même la moindre trace de vie à l'horizon. Le vieux capitaine Sherman de la troisième division de marines surveilla la rue d'un air cynique, celui qu'ont les hommes rompus par les épreuves de la vie, que plus rien n'étonne ou ne peut toucher. Rien n'était comme avant, tout était méconnaissable. A l'autre bout de la rue il pouvait apercevoir son bistro préféré, celui auquel il allait tous les samedis soir pour boire une bonne chope de bière brune. Le bistro était fermé, comme tous les autres, abandonné depuis la grande évacuation il y a de cela un mois. Machinalement il alluma son cigare tout en pensant à la vie d'avant la guerre, il se souvenait des échoppes de petits commerçants le mercredi matin, des grands pères discutant assis sur un banc pendant des heures, des enfants s'amusant sur le port … tout cela avait disparu, balayé par la peur, balayé par la guerre et le chaos.

Le vieux commandant regardait le soleil se coucher au loin, il le savait, la tombée de la nuit était souvent un moment dangereux, celui que les inconnus privilégient pour attaquer. Les inconnus… il se souvenait de l'époque où ces bestioles avaient été aperçu la première fois, dans les confins des mondes nordistes, en bordure de la galaxie connue. Une simple anomalie, voilà ce que l'on pensait à l'époque, une espèce anormale vouée a disparaître vu leur trop faible nombre. Un problème latent, oublié pendant des années, mais qui s'est répandu brutalement comme la peste. Ils s'étaient multipliés et avaient déferlé dans le nord, voilà près d'un mois que les premières vagues avaient atteint les planètes du système solaire. « Tout de même ... » songea t-il, « se faire avoir à ce point, nous qui pensions avoir affaire à des bestioles écervelées … Je les ai vu au combat, développer toute une stratégie pour nous contourner et nous couper des bases arrières, j'ai vu des nuées d'inconnus de petites tailles envoyés en première ligne pour épuiser nos munitions avant l'attaque de créatures gigantesques à la cuirasse assez épaisses pour contrer nos tirs d'artillerie ... cela n'est pas l’œuvre de bestioles écervelées ... ». Une voie l'extirpa brusquement de ses songes :

- Commandant! Commandant !

- Qui y à t-il soldat ?

- Nous avons pu réparer la radio commandant ! S’exclama le jeune marine d'un air enjoué.

Le commandant le regarda, sans aucune démonstration d'émotion dans le regard.

- Fort bien garçon mais je doute que cela nous sauve désormais.

- Il ne faut pas parler ainsi commandant, on viendra nous évacuer, rien n'est perdu, nous pouvons peut être capter une fréquence et demander une évacuation vers l'arrière.

- Une évacuation ! Hahaha mon pauvre ami, ça fait bien longtemps qu'il n'est plus question d'évacuation ! Voilà une semaine que l'on tient cette maudite rue, et jamais nous n'avons rencontré âmes qui vivent à part ces fichus incconus. Le Haut État Major nous a oublié mon garçon, aucun de nous n'en sortira vivant, mieux vaux te faire à cette idée.

- Rien n'est impossible commandant, rien n'est …

Le garçon fut brutalement interrompue dans ses rêves de sauvetage par des cris de douleur suivit de la sonnerie stridente d'une sirène. Les créatures étaient là. Il serra le poing, se cramponna à sa mitraillette tout en regardant le compteur, quatre balles, voilà ce qu'il lui restait … quatre balles. Il leva les yeux vers le ciel, les premières étoiles venaient d'apparaître, tout paraissait si calme là haut … Il pensa aux inconnus, à ce qui allait lui arrivé, à la façon dont il allait mourir, aux griffes et aux crocs acérés de ces créatures, aux regards de mort et de violence dans leurs yeux, aux vacarmes et aux sangs des combats. Il plaça le canon de son arme sur sa tempe et appuya sur la détente.