L'ambacte ou samouraï celte

Day 47, 00:00 Published in France France by Magnence

Ambacte

NDLR : l'ambacte dans son lien envers son brenn (seigneur) peut être comparé au samouraï , lui lié à son daimyo...

Définition : terme gaulois signifiant : "Celui qui est autour" (AMBI + ACTOS = Circulant autour)

Il correspond à une forme de dépendance d'un homme originairement libre et donc armé, qui s'engage envers un personnage important et le suit notamment à la guerre. (source : Venceslas Kruta

, Les Celtes, histoire et dictionnaire)

D'autres sources donnent : "celui qui conduit; envoyé autour"

Ce terme nous a donné le français "ambassade", d'abord ambaxade emprunté (?) de l'italien ambasciata, issu lui-même du gaulois...

voir aussi : Ambact, Ambacte, Ambactus (forme latine), Ambacti (pluriel)


Les Ambactes dans la société celte

César pensait que les ambacti étaient la propriété d'une personne mais il n'en est rien même si, selon V.Krutas, ils se trouvaient dans une situation proche du servage. Proche seulement car l'ambactos était un guerrier, un homme armé et donc un homme libre. En fait, ils abandonnaient à un personnage influent leur personnalité juridique contre une dette ou une rétribution. Le personnage devait les représenter sur toute affaire légale. En contre partie, le guerrier ambactos devait l'accompagner à la guerre.

En temps de paix, l'ambactos vivait comme son "protecteur", c'est-à-dire grassement. En temps de guerre, si le personnage influent mourrait, l'ambactos devait mourir lui aussi.



Légendes monétaires



On retrouve le mot "ambacti" sur des pièces de monnaies des Médiomatriques et des Lexoviens ,par exemple, sans que l'on puisse savoir s'il s'agit de la fonction ou d'un anthroponyme .



Sources antiques




Cesar "Guerre des Gaules " - VI, 15 :
Alterum genus est equitum. Hi, cum est usus atque aliquod bellum incidit (quod fere ante Caesaris adventum quotannis accidere solebat, uti aut ipsi iniurias inferrent aut illatas propulsarent), omnes in bello versantur, atque eorum ut quisque est genere copiisque amplissimus, ita plurimos circum se ambactos clientesque habet. Hanc unam gratiam potentiamque noverunt.

(VI,15) La seconde classe est celle des chevaliers. Quand il en est besoin et qu'il survient quelque guerre (ce qui, avant l'arrivée de César, avait lieu presque tous les ans, soit pour faire, soit pour repousser des incursions ), ils prennent tous part à cette guerre, et proportionnent à l'éclat de leur naissance et de leurs richesses le nombre de serviteurs

(traduction habituelle d' Ambactos) et de clients dont ils s'entourent. C'est pour eux la seule marque du crédit et de la puissance.

Pausanias &quot😉escription de la Grèce" - Phociques :



10. Quand pour la cavalerie des Galates

(Gaulois) la lutte est engagée, ces domestiques (les Ambacti) se tiennent en arrière du corps de bataille, et, voici quels services ils rendent. Arrivait-il à un cavalier ou à un cheval de tomber [mort], dans le second cas, le domestique donne au maître son cheval à monter ; et si c'est l'homme qui a été tué, l'esclave monte à la place de son maître. Si la fatalité vient à les saisir l'un et l'autre, il y a là un cavalier tout prêt. Le maître reçoit-il une blessure, l'un des esclaves emmène au camp le blessé, et l'autre se met dans le rang à la place de celui qui est parti.
11. Cette règle, à ce que je crois, a été établie par les Galates, à l'imitation des Dix mille chez les Perses, qu'on appelait les Immortels. Il y a pourtant une différence, c'est que, chez les Perses, la liste de ceux qui remplaçaient les morts était dressée après la bataille, tandis que pour les Galates, c'est dans la chaleur même de l'action que se complétait le nombre des cavaliers.

12. Cette organisation se nommait trimarkisia dans la langue du pays (il faut savoir que marka est le nom du cheval chez les Celtes).




Strabon "Géographie" - IV,1
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ambacte
nom masculin
(gaulois *ambactos, serviteur)

Dans la société gauloise, compagnon dévoué d'un guerrier noble.

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Chez les peuples germains de l'antiquité et du début du moyen-age, il n'y avait pas d'armée permanente. Le roi levait des troupes (en accord avec l'assemblée des hommes libres) lors de la perspective d'un conflit. Tout homme libre ayant la majorité (quinze ans chez les francs) avait le devoir de répondre à l'appel en fournissant son équipement guerrier individuel, ce qui engendrait naturellement d'importantes variations de quantité de qualité d'équipement suivant la richesse du guerrier.
Grace à la Lex Ribuaria (633) on peut se faire une idée du prix exorbitant d'un armement complet. une épée vaut environ 7 sous, soit le prix d'un tres bon cheval, le casque aussi, la broigne (cuirasse) en vaut le double etc... L'équipement d'un cavalier lourd vaut donc à peu pres le prix d'un troupeau de vingt vaches, ce qui n'est pas rien!
Pour encadrer ses troupes moyennement entrainées et (on comprend aisément pourquoi!) mal equipées, tout chef de guerre disposait d'une "suite" qui constituait une sorte de garde personelle, nommée "Truste" par les germains, traduit par "comitatus" par Tacite.
Les liens entre antrustions (les membres de la truste) et roi allaient au dela du simple contrat et impliquaient (au moins théoriquement) une fidélité allant jusqu'au sacrifice de sa vie.
Les antrustions vivaient avec le roi, étaient littéralement entretenu par lui, avaient un "wergeld" (le prix du sang) triple et disposaient de nombreux avantages. On leur confiait des charges non seulement militaires mais aussi politiques, diplomatiques, administratives...
Ce statut fort enviés n'était pas héréditaire. Tout homme libre et ayant prouvé ses vertus guerrieres pouvaient etre "candidat au poste".
L'admission dans la truste se faisait au cours d'une cérémonie au cours de laquelle le guerrier se présentait en arme à son roi et lui donnaient les mains en lui lui jurant "truste", c'est à dire "fidelité".
Le roi pouvait récompenser le pacte ainsi scéllé par le don d'une épée, cadeau de grande valeur!
Des cadeaux variés pouvaient récompenser les services rendus mais ils ne semble pas que le roi ai pu donner des terres, et ce pour deux raisons. Primo, l'antrustion restant dans l'entourage direct du roi, on voit mal comment il aurait pu profiter de ses terres. Secundo, la notion d'Etat Souverain n'existe pas chez les germains, elle n'est que latine. Un roi considérait son royaume non pas comme un état dont il avait la responsabilité mais comme ses "biens fonciers" propres. Ce qui explique le partage des royaumes en autant de morceaux qu'ils y avaient d'héritier à la mort d'un roi. On imagine donc mal un roi distribuer à ses guerriers son propre domaine!



Cette tradition de truste n'est sans doute pas semble proche des concepts de l'ambacte chez les celtes, et a continué a vivre chez des peuples d'origine germaniques, bien apres les "grandes invasions".
Les "huscarls" dannois du roi saxon Harold, celebres pour avoir été de redoutables adversaires des normands de Guillaume le conquérant à Hastings, semblent s'inscrire dans la meme logique.


Juste que tu ne peux comparer un antrustion à un ambact. Un ambact est beaucoup plus proche des berserkr scandinaves que des antrustions ou des huscarls ...

Les ambacts et les berserkr sont des guerriers consacrés à la religion...

Ni l'un, ni l'autre, je pense. lorsque le roi mourrait de mort naturelle, ils devaient tout simplement etre libérés de leur voeu.
Lorsque le roi mourrait dans une bataille (ce qui, généralement, induit une défaite), les antrustions avaient le devoir de ne pas fuir. Ils protégaient la dépouille de leur roi et se battaient jusqu'au bout (ce qui, du coup, les condamnent plus ou moins). Mourir dans ces conditions correspond à leur code d'honneur.
Ceci dit, dans le cas d'un combat singulier entre deux chefs, c'est sans doute autre chose. De plus, meme en cas de mort du roi à la bataille, si l'antrustion a fait son devoir, s'est battu comme un lion et que la situation s'est inversé, je pense que honneur est sauf. je n'ai entendu parler de suicide ou de mise à mort rituelle.
En fait, les auteurs anciens ne sont pas précis, mais j'ai tendance à croire que le sacrifice de sa vie n'est lié au fait de ne pas cesser le combat...
Cela correspond à l'attitude des huscarls à la fin de la bataille d'Hastings, lorsqu'ils savaient tres bien qu'Harold était mrt, que la bataille était perdue pour eux mais qu'ils ont continué à se battre. (Le parallele antrustion-huscarl me parait toujours bon, j'enleve la comparaison avec l'ambact des celtes, suite à la remarque de snorri)...

Pour ce qui est d'Alaric, j'ignore ce qu'il a pu advenir à ces hommes. Sans doute certains sont-ils morts plutot que de reculer. D'autres ont peut-etre préter allégence à Clovis, considérant que sa victoire était "réguliere" D'autres ont pu faiblir et fuir. D'autres encore ont peut-etre eu la chance de survivre bien qu'étant restés a combattre...