Chapitre I - Méditation

Day 2,007, 16:45 Published in France France by J35000


Paris, Ministère des Affaires Étrangères, 1h10

Assis à mon bureau, je regarde une énième fois le dossier américain. Assurément, tout cela me sort par les trous de nez pour rester poli.
Je me lève et prend la direction de la fenêtre. Dehors, il fait froid pour un mois de mai.
Au fond de l'immense bureau, mon acolyte ZeMaKubex se lève et me rejoint.


- Vraiment y'a plus de saisons, me dit-il.

- Tu commences à sortir des phrases de vieux, fais gaffe.

Machinalement, je prends une cigarette dans son paquet. ZeMaKubex m'observe du coin de l'œil.

- Quoi encore ?

- T'es trop jeune pour ça, ça va te gâcher la santé.

- C'est bien ce que je disais, tu vieillis.


Dehors, les dernières gouttes de pluie ruisselaient sur les trottoirs parisiens tout comme les derniers soldats américains quittaient les lieux.

- Beau bordel tout ça, déclarais-je à MaKubex

- Tu l'as dis. Et si seulement c'était fini.

- Parfois j'ai envie que ça s'arrête.

- De quoi ? La vie ?

- Nan. La guerre.

- T'es con.

- Je commence à le savoir.


Le silence reprit son droit dans la pièce bercée par un courant d'air frais venant de la fenêtre.
La porte principale s'ouvrit et gigilatrik apparut dans l'encadrement.


- Salut les mecs, je vous dérange ? demanda-t-il

- Bien sur. Comme toujours.repondit ZeMaKubex

- Vous discutez de quoi ?

- De la vie. De la guerre. Bref, cette conversation devient chiante.


Sur ces mots, ZeMaKubeX reprit la direction de son grand fauteuil à l'opposé de la pièce.

- Tu fumes toi ? me questionna gigilatrik

- Non.

- Alors là tu fais quoi ?

- Je fume.

- Donc c'est ce que je disais, tu...

- Chut. Dis, t'aurais pas vu un assistant ?

- De temps en temps dans les couloirs. Pourquoi ?

- J'aurais bien besoin d'un café.

- Tu peux aller te le faire tout seul, ça rentre tout juste dans tes compétences,
hurlait ZeMaKubeX du fond de son fauteuil.

- Connard. Lui répondis-je.

- Moi aussi je t'aime.

ZeMaKubeX était un être bizarre. Parfois chaleureux, il peut littéralement te casser dans la minute qui suit. Il n'en reste pas moins plein de bon sens et attachant. Comme un chien.

gigilatrik quant à lui est toujours à l'écoute. Prêt a bondir sur la moindre occasion de bosser. Comme un chien quoi.

Et moi, j'étais là, je regardais tout ce bordel avec un calme qui me surprenait moi même. Le regard vide, porté sur le lointain. Merde. Comme un chien.


- Bon les mecs vous branlez quoi ? interrogea notre président, qui venait de rentrer dans la pièce.

- On bosse, ça se voit pas ? répliqua ZeMaKubeX.

- Pas vraiment. Ça avance le dossier ricain ?

- Disons que ça recule pas. C'est déjà ça
, rétorquais-je.

- Bon ba moi je vais me coucher. Salut a tous. déclara gigilatrik.

- De même pour moi, le boulot de président, c'est usant.

- Bon ba moi aussi je suppose. Allez hop !


En un instant, ils furent tous sortis. Je me retrouvais donc seul avec mes interrogations.

Putain, ça caille.

Je regarde ma montre. 1h42. L'heure d'aller se coucher. J'éteins la lampe sur le bureau principal, ferme la fenêtre et sors de la pièce. C'est dingue, on est en mai et il caille comme en février. Y'a plus de saisons.