[Récit] Une Saison au Québec - Episode #1

Day 1,804, 06:09 Published in France France by Epnoz


L’histoire se déroule un jour avant le débarquement des Polonais sur le sol Canadien.

15 Octobre, Jour 1791.

L’automne était arrivé au Québec. Le vent était là et apportait la fraîcheur matinale. A cette époque, j’avais provisoirement arrêté l’armée, une grave blessure à la jambe m’avait empêché de continuer les opérations militaires. Après mon rapatriement en France, je voulais découvrir un nouveau pays, une nouvelle région, et ce fut le Québec.



Je marchais tranquillement, tenant ma béquille, dans les rues de Montréal. Ces derniers temps, la région était calme, paisible, c’était avant tout ce que je recherchais en venant ici. Ce matin-là, j’errais tel un vagabond, je ne savais pas trop où aller. Je savais juste que j’avais un rendez-vous avec un type sympathique que j’avais rencontré il y a quelques jours. Avant d’aller le voir, je regardais quelques vitrines de magasin, et certaines étaient fermées depuis des semaines, bizarrement. Je tournai à un coin de la rue, et je débouchai à quelques pas du port de la ville.





Je vis au loin une personne de dos, assise sur un banc, face au fleuve du Saint-Laurent. Il avait l’air pensif, un peu décontracté. Je ne voulais pas trop le perturber dans ses pensées, mais je m’approchai de lui tout doucement. Lorsque je vis une partie de son visage, je reconnus tout de suite, bien évidemment, mon ami qui devait être là depuis déjà des heures. Il était plutôt grand et mince, l’air athlétique et sûr de lui. Il avait environ le même âge que moi, l’âge adulte. Il adorait me parler de géopolitique, et de temps en temps, il aimait me parler de sa belle région québécoise. Cet homme-là était un ancien congressiste et homme politique, mais aujourd’hui, il s’est retiré pour « échapper à la routine quotidienne », me dit-il souvent. Il m’avait vu, et dès son premier regard, il m’adressa un « salut » amical. Je lui rendis ce salut, et on avait commencé à parler de tout et de rien, mais surtout de ce qui se passait dans d’autres pays.

- Si tu savais comment ça se passe dans le Monde, niveau géopolitique, c’est pas très joyeux, me disait-il.
- Ah, et il se passe quoi ? demandais-je d’un air curieux.
- Et bien, t’es au courant, non ? Ca fait l’actualité partout. CTRL s’est formé, avec la Pologne, l’Espagne, les Etats-Unis et le Brésil. Je ne te cache pas que je commence à avoir peur.
- Pourquoi ça ?
- Les Etats-Unis sont juste à nos frontières, et la Pologne a rasé ton pays depuis quelques temps, alors on pourrait aussitôt se faire attaquer. Ecoute-moi bien, m’adressa-t-il, si tu dois fuir le Canada c’est maintenant parce que…
- Jamais je…
- Il le faut ! m’interrompait-il. Je dis ça pour toi. J’ai des infos comme quoi les Polonais seraient prêt à tout pour venir envahir le Canada, par l’Océan Atlantique, et raser tout le pays entier. Alors si tu as une dernière volonté, fais-la de suite, prends un avion ou n’importe quoi, mais s’il te plaît, tu dois partir, tu risquerais de te faire tuer. Fais-moi confiance.



Et cet homme se leva soudainement du banc, me tourna le dos et repartit de l’autre côté, le long du port. La peur et l’angoisse m’avait tout d’un coup envahi, me donnant des frissons dans tout le corps. N’allais-je donc jamais connaître au moins un seul endroit où je pourrais vivre loin des tensions, loin des guerres, loin de l’horreur ?