Rendre l'homme meilleur
droopy32
COUPLETS A MON VERRE
Quand je vois des gens ici-bas
Sécher de chagrin et d'envie,
Ces malheureux, dis je tout bas,
N'ont donc jamais bu de leur vie !
On ne m'entendra pas crier
Peine, famine, ni misère,
Tant que j'aurai de quoi payer
Le vin que peut tenir mon verre.
Riche sans posséder un sou,
Rien n'excite ma jalousie ;
Je ris des mines du Pérou,
Je ris des trésors de l'Asie,
Car sans sortir de mon taudis,
Grâce au seul Dieu que je révère,
Je vois et topaze et rubis
Scintiller au fond de mon verre.
Tout nous atteste que le vin
De tous les maux est le remède,
Et les dieux n'ont pas fait en vain
Un échanson de Ganymède,
Je gage même que ces coups
Que l'homme attribue au tonnerre
Sont moins l'effet de leur courroux
Que du choc bruyant de leur verre.
Chaque jour l'humide fléau
Des cieux ne rompt-il pas les digues ?
Si les Immortels aimaient l'eau
Ils n'en seraient pas si prodigues ;
Et quand nous voyons par torrent
La pluie inonder notre terre,
C'est qu'ils rejettent en jurant
L'eau que l'on verse dans leur verre.
Le bon vin rend l'homme meilleur
Car du monarque assis à table
Vit-on jamais le bras vengeur
Signer la perte d'un coupable ?
De son coeur le courroux banni
N'obscurcit plus son front sévère.
Armé du sceptre, il l'eût puni ;
Il lui pardonne, armé du verre,
Je ne sais par quel vertigo
Ou quelle substance extrême,
Narcisse, en se mirant dans l'eau,
Devint amoureux de lui-même :
Moi, fort souvent je suis atteint
De cette risible chimère
Mais lorsque je vois mon teint
Pourpré par le reflet du verre,
Dieu du vin, dieu de l'univers,
Toi qui me fis à ton image,
Reçois ce tribut de mes vers :
Et, pour couronner ton ouvrage,
Fais jusqu'à mes instants derniers
Que dans ma soif je persévère,
Et qu'à ma mort mes héritiers
Ne trouvent plus rien dans mon verre.
Antoine Desaugiers
Chansons et poésies (180
😎
Comments
Peut-être suis un vieux con mais, pour la poésie, je trouve que rien n'égale les alexandrins.
De plus j'ai toujours du mal avec les rimes croisées.
Pour le coup j'ai préféré Le vin du solitaire de Baudelaire, un sonnet en alexandrins et rimes embrassées ♥
Sinon, quel est le tableau représenté ?
Je suis entièrement d'accord avec toi Dysh, bon je suis un vieux con aussi 😁
Scène galante, de Jean-Antoine Watteau, fastoche.
Bon OK, j'ai triché, http://imgur.com/RDs0TGL pointe vers http://www.sightswithin.com/Jean.Antoine.Watteau/Scene_galante.jpg .
Les alexandrins y'a rien de mieux
http://www.m6.fr/serie-kaamelott/videos/4792-le_jour_d_alexandre.html
Quel intérêt de faire un copier collé comme article Droopy? Je respecte la démarche mais j'aurais quand même voulu en tant que lecteur avoir une touche personnelle de celui qui poste l'article. Ça aurait eu de l'intérêt ne serait-ce que de lire une introduction donnant tes impressions par rapport à ce poème, voire lire un poème de ta propre composition.
Mais bon.
Si vous aimez les alexandrins, allez voir "Le grand retournement" avec François Morel 🙂
♥
Votado
Votado & Tapez le rouj
Merci.
Quant aux alexandrins et autres sonnets, il (me) suffit de lire la littérature sur leurs avatars dits approximatifs, pour se (me) demander si la beauté, métrique ou géométrique, n'est pas, plutôt que dans la déclarée perfection de ces réalisations, dans l'idée que des écarts à cette perfection puissent ne pas être ressentis comme des imperfections — de la différence entre un intellectualisme de bon teint, souvent pondu a posteriori, et l'émotion, qui vient des tripes, certes nourrie de culture, mais toujours inattendue quand elle vous éternue du nez.
@Enicay : parce que la culture n'a pas besoin de commentaire. Il n'y a qu'à lire la qualité des remarques et des échanges, l'expression de la perception et du ressenti de chacun autour d'émotions et de sensations partagées avec les autres. C'est sans doute là un de ces aspects qui permettent de fonder la raison et la richesse d'une communauté. Car une communauté humaine sans sensibilité n'est qu'un ensemble froidement rationnel et pragmatique qui ruine tout espoir en la nature humaine. Tant qu'il y a de l'art, il y a de la vie, il y a des hommes et des femmes pour réfléchir, pour penser, pour échanger, pour contester, pour se lever, pour résister, pour s'émouvoir, pour pleurer, pour rire, et j'en passe. C'est pour cela que les régimes totalitaires et dictatoriaux, dès le départ, enferment et/ou réduisent au silence les artistes, détruisent les oeuvres qui les satisfont pas, et construisent un "art" pour satisfaire leur propagande. Alors si je peux rester une de ces voix qui permettent de véhiculer l'art à défaut d'en produire (quoi que certains doivent se souvenir de certaines de mes productionsˆˆ), laisse-moi cette possibilité de faire vibrer la fibre sensible qui sommeille en chacun de nous.
@Dysh : c'est vrai que j'aurais pu penser à donner la source du tableau... dans les articles précédents aussi...