Haïku

Day 272, 02:58 Published in France France by nolanne

Vent dans sa cape
Un sourire son refuge
Leurs cœurs battent

écrit par: nolanne



ps: Ce poème est inspiré des haïkus japonais, mais qu'est ce qu'un "haïku"?

Il s'agit d'un poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses, s'écrivant sur une seule colonne.
Cette forme poétique d'origine japonaise est très codifiée.
En effet, le haïku ne se contente pas de décrire les choses, il nécessite le détachement de l'auteur, c'est une sorte d'instantané.
Il doit pouvoir se lire en une seule respiration, il incite à la réflexion.
C'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image, ainsi, le haïku ne doit pas décrire mais évoquer.
Il doit, en outre, contenir un kigo (mot de saison), c'est-à-dire une référence à la nature ou un mot clé concernant l'une des quatre saisons.
Ces allusions directes ou indirectes à la saison et à ses effets, sont répertoriés dans des dictionnaires spéciaux appelés "saïjiki".
Quand le haïku ne contient pas d'élément indiquant la saison, on l'appellera un muki-haïku.( littéralement:haïku-sans-mot-de-saison ).

La principale difficulté pour les haïkistes francophones, est de retrouver une notion de flou qui est plus appropriée à la langue japonaise, qui n'utilise pas autant d'articles ou de conjugaisons que le français, ainsi que de respecter l'utilisation du kigo empreinte de l'idée que nous sommes rattachés à un grand tout, dont nous ne pouvons nullement nous extraire.

La difficulté de la transposition d'un haïku du japonais au français vient du fait que le français est une langue syllabique alors que le japonais est une langue "morique" (qui utilisent les mores plutôt que les syllabes comme base du système vocal).
Une more est un son élémentaire émis lors de la phonation, c'est une notion plus fine que celle de syllabe. Dans les langues syllabiques, chaque syllabe est constituée d'une ou plusieurs mores, qui en déterminent le poids. Ce dernier déterminant à son tour l'accent tonique du mot, ou son rythme.

Le Haïku japonais suit le modèle "5 mores / 7 mores / 5 mores", mais quand on compose un haïku en français, on choisi souvent de transposer le haïku japonais, sous la forme d'un tercet de 5, 7 et 5 pieds (Poème de trois vers, dont le premier et le troisième vers comportent 5 syllabes et le deuxième vers 7 syllabes). On remplace donc les mores par des syllabes; cependant, une syllabe française peut contenir jusqu'à trois mores, ce qui engendre des poèmes irréguliers.

Voici un exemple de maître (E-)Matsuo Bashô:

umi kurete
kamo no koe
honoka ni shiroshi

La mer s'assombrit -
le cri des canards sauvages
est vaguement blanc

(trad.Joan Titus-Carmel dans "Cent onze haiku")
Illustration: (E-)Matsuo Bashô